samedi 8 avril 2017

Lire dans les sondages ou dans la « boule de cristal » ?

le troisième et dernier temps d'une campagne à surprises

Le point au 8 avril 2017. Note 33 à J-15
par Jean-Pierre Dacheux

Nous voulons continuer d'analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale ouverte, en réalité, depuis la fin 2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés et, depuis le 20 mars, sous le titre : « Le troisième et dernier temps d'une campagne à surprises » Chacun de ces textes peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique.


Nous avons mis la plume au repos durant quelques jours. Sans doute le fallait-il car tout a bougé et il faut réinterroger ce qui se passe dans cette campagne à nulle autre pareille et un peu trop vite diagnostiquée par les commentateurs politiques comme nulle...


1 – On ne peut plus esquiver la nécessité du choix.
À deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle, il semble bien que les électeurs sont sur le point de se déterminer « par élimination ». Bien des hypothèses ont été ruinées. Des modifications dans les intentions de vote surviennent (si l'on en croit les sondages lesquels ne prévoient rien mais indiquent des tendances, rappelons le). Les observateurs de la vie politique, dont nous faisons modestement partie, vont de trouver contraints de « se mouiller » ou de recourir à la « boule de cristal » ! Autrement dit, s'engager faisant toujours prendre des risques (à commencer par celui de l'erreur!), nous devons oser dire vers quoi le pays se dirige. Et comme, il est encore plusieurs voies possibles, il faut, à la fois, indiquer ces voies et en choisir une. Nous voici amenés à maintenir la rigueur, l'impartialité et la hauteur de vue de nos analyses, tout en manifestant nos préférences! Redoutable et contradictoire situation, mais qu'il faut bien assumer comme tous les électeurs de bonne foi ayant des convictions.
Car nos propres convictions sont connues. Nous avons éliminé les candidatures de l'extrême droite, de l'argent-roi et de la fantaisie (fut-elle sympathique). Sur tous les candidats, dont deux femmes et neuf hommes, notons-le, le dernier et probablement unique débat à onze a révélé que nous nous dirigeons vers un affrontement final plus incertain qu'annoncé, ce que les sondages de ce jour, rassemblés sur Wikipedia1 confirment.

2 – Sonder les sondages.
Le Pen et Macron, les deux premiers encore, au coude à coude et en recul, seraient passés sous la barre des 25% ; Fillon et Mélenchon, troisièmes ex-aequo, seraient à égalité autour des 20% ; Hamon serait en chute libre, à moins de 10%. Dupont Aignan serait au-dessus de la barre des 5 % ; tous les autres candidats ne dépasseraient pas 2%. Mélenchon seul serait en croissance. L'abstention diminuerait mais reste très forte.
Qu'en tirer comme enseignements ? Que les quatre premiers se tiennent en peu de points (de 19% à 23% selon l'institut BVA). Que l'inéluctabilité d'un duel Le Pen/Macron n'existe plus ; ce n'est plus qu'une probabilité. Que Fillon, stable mais haut, n'est pas hors course. Que l'éventualité d'une présence de Mélenchon parmi les deux premiers devient crédible. Que Benoît Hamon ne concourt plus pour la présidence mais pour la prise de pouvoir sur le PS. Que le « non-vote » s'impose par rapport au vote blanc dont l'opinion a saisi qu'il n'est pas un suffrage exprimé et ne pèsera donc rien ; cette abstention politique reste fort élevée mais pourrait encore baisser s'il apparaissait qu'elle sert les intérêts du FN qui dispose d'un électorat qui s'est fixé depuis les dernières élections régionales.

3 – Que dit la « boule de cristal » ?
Selon celui qui tente d'y faire une lecture de ce que nous réserve le proche avenir, il est plusieurs résultats. Si je me penche, à mon tour, sur elle, j'y vois une suite d'événements que rien n'annonçait :
• Marine Le Pen, a cessé de creuser l'écart. Les débats ne l'ont pas avantagée. Son nationalisme systématique ne mord plus. Défaite à coup sûr au second tour, elle pourrait se retrouver, contre toute attente, en troisième voire en quatrième position !
• François Fillon ne se maintient que parce qu'il n'y a pas d'autre choix pour la droite parlementaire actuelle. L'ex premier favori de l'élection ne peut plus remonter son handicap. Il ne sera pas dans les deux premiers choisis le 23 avril au soir.
• Emmanuel Macron n'est plus que le candidat du recours (contre le FN et contre les « gauches », du PS et de la France insoumise). Il accumule trop de soutiens contradictoires. Il recule dans les sondages mais reste le favori pour tous ceux qui veulent un changement sans changement. Il pourrait voir sa cote chuter parce qu'il est le candidat de la confusion (pro et anti Hollande, « et à gauche et à droite », mais de plus en plus identifié comme à droite). Il devrait, pourtant, sauf effondrement, se retrouver au second tour.
• Jean-Luc Mélenchon ne cesse de progresser dans les sondages. Les débats lui ont été favorables. Il remplit les salles de meeting. Il est le meilleur orateur. Il souffre, pourtant, de son image autoritaire et de sa posture solitaire. Son attitude « néo-gaullienne » peut lui être reprochée ou, au contraire lui valoir de nouveaux soutiens. Sa volonté d'être, pour peu de temps, un ou deux ans, le dernier président de la Vème République avant vote d'une nouvelle constitution, peut rassurer ou inquiéter. Il va lui falloir faire un dernier effort de pédagogie politique. Même la boule de cristal ne peut dire ce que lui réserve les quinze jours à venir. Ou bien son élan est coupé et il finira troisième, ou bien, il finit second et alors tout devient possible dans un duel Macron/ Mélenchon que rien n'avait laissé présager.
• Tout ne sera pas dit une fois élu le nouveau Président. Les législatives confirmeront-elles les présidentielles comme ce fut toujours le cas maintenant qu'elles sont, depuis 2002, organisées aussitôt après ? Ce n'est pas sûr et « la boule de cristal » se brouille quand on la sonde à ce sujet car que restera-t-il des partis qui cogéraient la République ou y cohabitaient ? S'ils ne disparaissent pas, ils seront très amoindris. Tant les « Républicains » que le PS sont entrés dans une nuit où l'on ne distingue rien de leur avenir. Quant aux candidats d'En marche ou de la France insoumise, on sait encore peu de choses d'eux. Bref bien malin est celui qui pourrait dire quelle majorité va surgir en juin prochain. Quant à la sensibilité écologiste qui ne peut plus être sous estimée où va-t-elle trouver maintenant ses appuis ? Chez les « Hamonnistes » enfin libérés du PS ou chez les « Mélenchonistes » en pleine ascension ? Gageons qu'EELV, embourbé dans l'abandon de Jadot qui a choisi « le mauvais cheval » va, à son tour, devoir se reconstituer totalement ou se disperser (Et là, la « boule de cristal » porte un éclairage qui ne laisse subsister aucun doute).

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