mercredi 15 mars 2017

Présidentielles 2017. Note 27 à J-39. Les faux duels et l'embarras croissant des électeurs

Un deuxième temps intermédiaire et décisif . 

Le point au 15 mars 2017. 
par Jean-Pierre Dacheux


Nous voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre : « Avec ou sans primaires », puis, à présent, « un deuxième temps, intermédiaire et décisif » (qui durera jusqu'au 17 mars, date de clôture des candidatures). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique. 


1 - Si rien ne change, n'aurions-nous, de choix qu'entre diverses candidatures de la droite ?
Nous étions partis du duel, qu'on nous disait inévitable, entre le FN et « les Républicains », entre Marine Le Pen et Alain Juppé, d'abord, grand favori des sondages, lequel devait être élu, sans coup férir, en mai prochain. Ce scénario s'est fracassé sur le deuxième tour des primaires qui a vu émerger et triompher nettement François Fillon lequel, à son tour, devait être élu, sans coup férir, en mai prochain. Ce scénario bis s'est fracassé sur le « Pénélope-Gate ». François Fillon, largement devancé dans les sondages et dont les mésaventures ne sont pas terminées, ne sera vraisemblablement pas le prochain président de la République française.

Un nouveau duel nous est, à présent, « vendu » (car il s'agit bien d'un marché électoral !), cette fois entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron lequel, à son tour, devrait être élu, sans coup férir, en mai prochain, puisqu'il talonne sa concurrente et dispose de réserves beaucoup plus importantes qu'elle. Après Juppé, Fillon, après Fillon, Macron ...

Une droite chasserait ainsi l'autre : la droite brutale serait remplacée par la droite plastique. La pilule amère a été échangée contre un anesthésiant, mais toujours avec le même objectif : faire triompher un candidat acceptable par les tenants de l'économie libérale. Et de nous refaire le coup du « vote utile » afin de nous culpabiliser. Soyez cohérents nous dit-on : si vous ne voulez pas de Le Pen contentez-vous de Macron !

La porte est-elle, alors bien refermée et bloquée ? Le Pen (droite extrême nationaliste), Fillon (droite « traditionnelle » décomplexée) et Macron (droite attrape-tout, même à gauche) font la course en tête et bloquent l'accès de ceux qui ont entamé la conversion écologique des gauches. Une « rebipopularisation » est entamée. Le risque de retomber dans les mêmes ornières est considérable. La France va-t-elle verser de la colère dans le désespoir ?


2 - Fillon mis en examen.
Un jour plus tôt qu'annoncé, le 14 mars et non le 15, à la demande même de l'intéressé, François Fillon s'est présenté devant les juges qui l'avaient convoqué. Il est resté muet. Comme prévu, il a été mis en examen. « Et alors » ? Cela continue... La parole donnée (« Je me retirerai en cas de mise en examen ») est bafouée. Et puis, trop c'est trop... Si les Français choisissent pareil candidat, ils se déconsidéreront avec lui. Le bon sens voudrait que l'on n'en entende plus parler. Mais la droite, dans toutes ses couleurs, s'accroche à cette bouée dégonflée. Eh bien qu'elle se noie ...


3 - Des maires empêchés de parrainer.
Pour limiter le nombre de candidats, les grands partis pèsent sur le maires ruraux. Paraissent au J.O les parrainages pour discréditer les imprudents qui soutiennent des candidats jugés non respectables. Pourtant, parmi les candidats agréés par le Conseil constitutionnel, celui qui a obtenu le plus de parrainages n'est-il pas, visiblement, jour après jour, celui qui est le moins respectable qui soit ?


4 – L'abstention politique prend corps.
Depuis 1965, lors des la première des élections présidentielles – nous en sommes à la dixième en 2017 - l'abstention oscille entre 14% et 20%. C'est un niveau presqu'incompressible. Il y eut deux exceptions : au deuxième tour de l'élection de 1969, entre deux droites représentées par Poher et Pompidou (« Bonnet blanc et blanc bonnet » : 31,1%) et, au premier tour de l'élection de 2002, (celle qui vit émerger la candidature de Jean-Marie Le Pen, en dépit ou à cause de nombreuses candidatures : 28,4%). On notera que dans ces deux cas, déjà, l'élévation des taux d'abstentions était très politique.
À ne considérer que les élections de portée nationale, on peut remarquer que le taux d'abstention, pour les élections législatives, approche ou dépasse les 40 % depuis 2007.
Pour les élections européennes, l'abstention n'est plus retombée en dessous des 50% depuis 1999 (les huitièmes élections européennes, en 2014, ont atteint 56,5 % d'abstentions et le record fut, en 2009, 59,37% !).
Il y a une déconvenue manifeste, chez les électeurs, qui ne date pas d'hier. Va-t-elle s'étendre à l'élection présidentielle jusqu'alors épargnée, comme l'est, le plus souvent, chacune des élections municipales ? On peut le penser.
Selon le CEVIPOF, l'abstention attendue s'élèverait à environ 30% des inscrits. Cela signifie qu'au moins 10% des inscrits sont prêts à refuser l'offre électorale qui leur est faite et sont, pour cela, - entrés dans un processus politique d'abstention-boycott.

Trois livres, bien documentés, bien écrits, accessibles, rendent compte de ce phénomène.
De Brice Teinturier, « Plus rien à faire, plus rien à foutre ». La vraie crise de la démocratie, aux éditions Robert Laffont, février 2017.
Ce que l'auteur, politologue, directeur de l'institut Ipsos, appelle la « PRAF-attitude », constituerait, selon lui, la quatrième force politique, en pleine expansion. Son livre est descriptif.
D'Antoine Bueno, No vote ! Manifeste pour l'abstention, aux éditions Autrement, Février 2017.
L'auteur s'engage, avec des arguments forts, pour l'abstention tant que le vote blanc restera un vote décompté mais pas pris en compte comme suffrage exprimé et de toute façon non applicable à l'élection présidentielle. Son livre est militant.
D'Antoine Peillon, Voter, c'est abdiquer, Ranimons la démocratie, aux éditions Don Quichotte, une marque des éditions du Seuil, Mars 2017.
L'auteur effectue une description précise et impitoyable de l'état dans lequel se trouve le pays avant une élection majeure qui ne peut, selon lui, déboucher sur rien. Il appelle donc, en 95 thèses aux multiples références à un « boycott civique. Son livre est un appel à l'action et à la reconquête par le peuple de sa souveraineté.
Un autre livre, plus virulent, était déjà paru, l'an passé. Il annonçait l'impossibilité de valider une élection désormais sans repères et sans motivations (D'un anonyme, L'élection présidentielle n'aura pas lieu, aux éditions La Découverte, novembre 2016).

Ces écrits témoignent d'une volonté qui cherche à s'exprimer et qui n'a pas encore trouvé vraiment son point d'entrée dans la campagne électorale. Négliger cet apport nouveau constituerait une faute d'analyse et une erreur politique.

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