jeudi 2 mars 2017

Présidentielles 2017. Note 22 à J-52. Des candidatures de plus en plus fragiles


Un deuxième temps intermédiaire et décisif .

Le point au 3 mars 2017.
par Jean-Pierre Dacheux 


Nous voulons, au cours des mois qui vont continuer de s'écouler, analyser l'évolution de la situation politique pendant la campagne électorale qui s'est ouverte depuis la fin 2016. Chaque texte, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre : « Avec ou sans primaires », puis, à présent, « un deuxième temps, intermédiaire et décisif » (qui durera jusqu'au 17 mars, date de clôture des candidatures). Il peut être contredit, sans doute, parfois, par les événements. Fin mai 2017, nous regrouperons, en un seul et même document, toutes ces notes, que nous voudrions utiles pour effectuer cette activité politique chronologique. 

Du jamais vu ! Chaque jour offre une information nouvelle !
1 - Des candidats en perdition ou à la dérive qui cherchent l'appui populaire qui n'est encore massivement accordé à personne !
• Cette campagne présidentielle passe du « joué d'avance » au « tout est possible » ! Après la primaire de la droite et du centre, François Fillon était le président tout désigné et le voici en position de n'être pas présent au second tour. Ceux qui le soutenaient l'abandonnent, le fuient ou le suivent à regret... C'est, depuis 1965 (qui avait vu, tout de même, De Gaulle en ballotage), la plus surprenante, la plus indécise, la plus inattendue des élections présidentielles. Et tout n'est pas encore dit. La politique s'emballe. Les électeurs s'alarment. Tout peut arriver.
• Marine Le Pen est toujours en tête des sondages mais elle aussi est rattrapée par des affaires d'argent et de financement des assistants parlementaires. Son agressivité contre les juges et les fonctionnaires ressemble à celle de François Fillon, en pire. Elle refuse de répondre aux convocations des enquêteurs (ce que ne fera pas Fillon), mais elle s'ouvre comme lui à une critique : un président de la République est protecteur des institutions et notamment de la Justice. Elle ruine ses chances pour le second tour, car si ses soutiens lui sont inconditionnellement acquis, nombre des électeurs à gagner pour atteindre les 51% ne la suivront pas dans cette guerre aux journalistes, aux juges et à tout ce qui contrarie ses ambitions.
• Dimanche passé, c'était « la fronde des anti-frondeurs » qui s'opposait à Benoît Hamon au sein du PS ! Après avoir organisé des primaires, fait semblant d'accepter la victoire de Benoît Hamon, les principaux dirigeants du PS refusent la politique qu'il a défendue et qui l'a fait gagner. Il lui faudrait ne pas se désolidariser du quinquennat après l'avoir tant critiqué. C'est absurde et intenable. Cette fois ce n'est plus la droite des « Républicains » qui disparaît de l'écran, mais la fausse gauche du parti socialiste dans sa majorité ! Il n'est d'autre issue pour Hamon que celle d'une rupture avec le parti dont il était censé devenir le héraut. Cela ne peut que l'affaiblir sauf s'il trouve à qui s'allier, mais à qui ?
• Yannick Jadot lui a apporté le soutien d'EELV qui sera sans candidat pour la première fois depuis 1974. C'est non seulement un apport insuffisant mais c'est un marché de dupe, un hara-kiri politique. La garantie d'avoir un nombre augmenté d'élus aux législatives repose sur un accord avec le PS lequel ne l'accepte pas plus qu'il n'accepte le virage écolo de Benoît Hamon. En outre Jadot n'avait pas de raison de se rapprocher plus de Hamon que de Mélenchon, du seul point de vue de l'écologie ! Le prétexte est donc à rechercher du côté de la politique européenne, mais ce n'est pas de l'Europe en général qu'il faudrait débattre mais du contenu d'une rénovation dont on n'a pas vraiment entendu parler. EELV est privée de son rôle à jouer et Jadot ne peut plus que servir de faire valoir au côté d'un candidat en marge de son parti ! C'est bien peu...
• Le seul à se renforcer semble être Emmanuel Macron, qui talonne Marine le Pen dans les derniers sondages, mais comme ses soutiens sont de moins en moins tournés vers la gauche, il perd ce qu'il avait gagné et risque de voir dégonfler le nombre des intentions de vote en sa faveur. Il incarne désormais le recours de ceux qui se détournent de la gauche et combattent le FN. Et ce n'est ni Bayrou, ni Cohn-Bendit ni les transfuges du PS qui vont suffire à lui donner une cohérence politique réelle. Il est, actuellement le mieux placé pour l'emporter au second tour mais, là aussi, les zones de faiblesses s'élargissent. L'utilisation de fonds de son Ministère pour sa pré-campagne ne lui a pas été préjudiciable mais ce qui va lui être reproché, c'est d'avoir fait semblant de lâcher Hollande pour mieux torpiller le PS qu'il siphonne à présent ! On ne sait où il est ni où il va et cela n'a rien à voir avec un accord double avec une partie de la droite et une partie de la gauche... C'est une aventure personnelle. Il est arrivé que cela se traduise par un succès mais rien n'est acquis pour lui non plus. Impossible de vendre la peau de l'ours présidentiel qui n'est pas encore tué.
• Quant à Jean-Luc Mélenchon, le voici bien seul. Les qualités de ce tribun et de ce penseur sont reconnues mais ne lui ont pas permis, jusqu'ici, d'effectuer la percée qui lui est plus qu'à d'autres encore nécessaire. Si l'on y ajoute la friabilité du soutien du PCF qui ira, in fine, vers ce qui lui garantit le plus de députés, pour Mélenchon aussi il faut s'affirmer par-dessus les partis et il en a au moins deux « dans les pattes ». Il faut chercher là, sans doute une des raisons pour lesquelles le PS actuel (pas ses électeurs) penche plus vers Macron que vers Hamon. Le blocage d'une entente entre le deux candidats, en réalité proches l'un de l'autre, tient à ce que rompre avec les appareils et leurs habitudes n'est toujours pas possible ! C'est totalement au-dessus des moyens d'organisations centralisées et marquées par une histoire totalement éloignées de cette gauche inédite, à venir, et qui associe de la façon la plus étroite le social et l'écologique.


2 – Les parrainages (ou « présentations ») tombent auprès du Conseil constitutionnel depuis le 24 février et il en sera ainsi jusqu'au 17 mars à 18 heures..
• Là aussi se trouve une nouveauté qui va peser sur le scrutin. Selon la loi, à présent, chaque candidat doit recueillir 500 parrainage d'élus qui doivent envoyer directement, par la poste, leur formulaire de soutien au Conseil Constitutionnel qui les rend publics au fur et à mesure, deux fois par semaine, par la voie du Journal officiel. Plus de possibilité de rester anonyme. Plus d'envois effectués par les candidats eux-mêmes. Et cela change tout. Jusqu'à aujourd'hui, seul François Fillon peut faire état de plus de 500 parrainages. Seuls des élus peuvent apporter leur soutien à une candidature, c'est-à-dire les maires (il y a 36 000 communes en France), mais aussi les députés, les sénateurs, les parlementaires européens, les conseillers régionaux et généraux ainsi que des membres de l'Assemblée corse et des Assemblées d'outre-mer).
• Depuis le 1er mars, seul François Fillon peut déjà faire état de plus de 500 parrainages. Les défections qu'il connaît peut-elle entrainer le retrait de parrainages  ? De fait : non ! « Une présentation, une fois envoyée ne peut être retirée » affirme le Conseil Constitutionnel. Il s'ensuit qu'en cas de retrait de François Fillon, son remplaçant, s'il en a un, ne pourrait compter sur les parrainages déjà déposés. Les dés sont donc jetés : pour la droite, François Fillon est presque devenu irremplaçable.
• Il y aura, le 17 mars, deux types de surprises : des candidats connus n'auront peut-être pas leurs 500 signatures (tels que Nathalie Arthaud, Rama Yade ou Philippe Poutou) tandis que quelques quasi inconnus pourraient les avoir (tel Jacques Cheminade).
• Parmi les « retirés », si les conditions politiques sont réunies, on peut envisager qu'ils trouvent encore 500 présentations valides. Ce serait le cas d'Alain Juppé voire de Yannick Jadot (il en avait déjà plus de 300).
• En clair les élus locaux qui parrainent se mouillent et leurs électeurs pourront leur demander des explications.
3- Même si les Français continuaient à élire leur président au suffrage universel direct, l'élection 2017 marquerait un tournant
La « transparence » comme on dit va cesser d'être fictive : les candidats, comme leurs parrains, sont sous le projecteur de l'opinion et doivent rendre des comptes. Il est devenu de plus en plus difficile de mettre la politique sous le boisseau. Ce qui est privé peut rester privé mais ce qui est public ne peut plus être caché au public, notamment en matière électorale.
Les primaires ne permettent pas de dégager une candidature indiscutable. La loi rejoint le fait : n'importe quel électeur de plus de 18 ans, remplissant les conditions contrôlées par le Conseil Constitutionnel peut chercher à être candidat sans avoir l'aval d'un parti, qu'il en soit ou non membre.
Le régime « présidentiel » français, sans équivalent dans les pays démocratiques, a révélé des faiblesses qui ne peuvent qu'entrainer des évolutions d'ampleur dans les mois et années à venir.
 • Ce qui va advenir est peu prévisible. Nous avons en quelques mois couru de surprise en surprise. Tout n'était donc pas programmable. C'est dans ce cas que la politique prend son vrai visage. Quel que soit le résultat final, qu'il nous soit insupportable ou, au contraire, acceptable, nous voici entrés, en France, dans un temps de création long qu'aucun Président ne pourra juguler.

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