lundi 30 janvier 2017

Avec ou sans primaires ? Note complémentaire (9)


Fin de la primaire. Début du secondaire.


Le point au 30 janvier 2017

par Jean-Pierre Dacheux

Nous voulons, au cours des mois qui viennent, analyser l'évolution de la situation politique au cours de la campagne électorale qui s'est ouverte. Chaque texte complémentaire, daté, numéroté et modifiable, s'ajoute aux précédents présentés sous le même titre ("Avec ou sans primaires"). Il est contredit, sans doute, parfois, par les événements qui s'écoulent. Fin mai 2017, nous regrouperons ces notes utiles pour effectuer cette activité politique chronologique, en un seul et même document.

1 - Les médias ont beaucoup fait, le 29 janvier au soir, pour minimiser l'ampleur et la signification de la victoire de Benoît Hamonau terme de la primaire voulue par le PS, mais certes pas pour déboucher sur cette surprise. 

Je rêvais d'un rapport 60/40 en faveur de Hamon afin non de terminer mais d'engager le grand débat politique dont ce qui reste de " la gauche " a tant besoin. Nous y étions presque. Avec autour de 59% (58,71% annoncés, le lundi matin) pour le vainqueur, contre environ 41,29% pour son adversaire, non seulement le résultat final déborde l'addition des voix Hamon + Montebourg mais, avec une participation plus importante, supérieure, cette fois, à deux millions de voix, l'écart s'est encore creusé.  

2 - C'est à peine si l'on ne demande pas à Benoît Hamon, pour soit-disant « rassembler » son parti, de mettre, tout de suite, de l'eau dans son vin, c'est-à-dire, en fait, de rentrer dans le rang. Pourtant, ce n'est sûrement pas, en infléchissant son discours pour faire des concessions aux socio-libéraux que Hamon pourra se rapprocher de Mélenchon. Là se situe l'enjeu ces prochains jours. Ni Hamon, ni Mélenchon n'ont intérêt à tenir des discours d'extrême-gauche ou de l'ultra gauche, mais ils ont à convaincre – et vite ! – qu'ils proposent une toute "autre gauche", au contenu inédit, appuyée, certes, sur des valeurs du passé, celles qui restent fondamentales, mais, plus encore, ouverte à un nouveau monde déjà transformé par la mutation de la civilisation.  

3 - Yannick Jadot devrait pouvoir entrer dans cette redéfinition d'une orientation qui ne peut plus être celle de la gauche qu'on a connue et qui se meurt. L'axe écologique Mélenchon-Jadot-Hamon, s'il vient à être tracé, non seulement changerait le rapport des forces politiques en France, mais il permettrait que se déclenche une autre dynamique selon la formule de Benoît Hamon : « Je ne conçois plus d'être socialiste sans être écologiste ».  

À cet égard, Benoît Hamon va se trouver en difficulté pour se débarrasser du PS de la rue de Solférino et il faut souhaiter qu'il résiste à toutes les pressions qui vont s'exercer sur lui, au gouvernement, à Matignon, parmi les députés, à l'Assemblée Nationale et même depuis l'Elysée. On ne peut vouloir sortir d'un monde qui a échoué et trahi en y restant.  

Comment en convaincre les électeurs, engourdis dans des habitudes de pensée devenues, à leur insu, obsolètes ? Benoît Hamon a raison de s'appuyer sur ceux qui sont à même de penser et vivre la nouveauté : les jeunes et les modestes, ceux qui n'ont rien à perdre parce qu'on leur a déjà bouché l'avenir.  

4 - Si, pour qu'une gauche soit qualifiée de « gouvernementale » (par opposition à une gauche qui serait idéaliste), il faut que la politique concerne tout le peuple et pas une partie du peuple, alors il est temps de considérer que la gauche n'est plus à gauche mais partout. Quiconque la tire vers la droite, tel Macron, commet l'erreur d'oublier que le peuple, dans sa diversité et sa complexité, n'est ni tiède, ni dans un entre deux, ni conforme à un modèle, mais en perpétuelle transformation. 

Le mot gauche est soit à abandonner et à remplacer, soit à repenser et à redéfinir dans un autre contexte politique. Ce qui va se passer, en février, transformera l'opinion ou la ré-anesthésiera.

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