mercredi 25 mars 2015

De l'abstention politique au vote blanc politique ?


Entre un socialiste privé de socialisme (au PS), un libéral dur ou mou (au sein du conglomérat UMP-UDI-MODEM-Divers Droite) et un néofasciste nationaliste et antitoutiste (qui représente le FN), il n'est aucun choix possible, au second tour des départementales, dans la plupart des cantons.

Le paysage électoral a été nettoyé par l'élimination, le plus souvent, des candidats des autres formations politiques (ceux d'une gauche réelle mais à la dérive – qu'il s'agisse soit du PCF, du PG, ou d'autres groupuscules, ou ceux des écologistes, pour certains tentés par le retour au gouvernement ! – ).

La France s'est « droitisée » et le tandem Hollande-Valls aura achevé le travail bien engagé par Nicolas Sarkozy. Les électeurs de gauche, frustrés, ne peuvent s'y retrouver : ils ont été trahis. Ils ne savent comment sortir de cette impasse idéologique et politique qui les détourne de voter comme ils pensent.

Les appels à l'unité de la gauche sont dérisoires voire pervers puisque l'on ne pourra recoller ce qui a déjà été cassé. Voter « pour limiter les dégâts », quand se profile la menace d'une élection d'un candidat FN, mais quitte à renforcer le clan des partisans d'un capitalisme décomplexé, est une solution du désespoir que beaucoup vont écarter.

Que faire d'autre alors ? L'élection départementale 2015 est d'ores et déjà perdue pour la gauche. L'implantation du FN est chose faite, même s'il ne devait diriger aucun département. Il faut donc ouvrir et élargir un nouvel espace politique : celui des électeurs, très majoritaires, qui ont dit non à l'offre électorale offerte, en s'abstenant de continuer à participer au système politicien qui les broie.

Ceux qui n'ont pas voté, comme ceux qui ont voté blanc, et même une partie de ceux qui ont voté Front national se sont écartés du bipartisme qu'une loi électorale scélérate voulait renforcer, au moyen du barrage aux candidats n'obtenant pas, au premier tour, 12,5% des inscrits !

Puisque les votes blancs, depuis la loi du 21 février 2014 (qui a commencé de s'appliquer le 1er avril 2014), sont désormais comptabilisés à part, il devient possible de dire son refus d'une fausse alternative : ou bien rester hors du jeu politique ou bien se contenter de voter pour le moins mauvais ! Il faut commencer, dès à présent, à donner un nouveau sens au vote blanc, soit en plaçant un bulletin vierge dans l'enveloppe, soit en laissant l'enveloppe vide. C'est, du reste, un geste simple.

Créer une attitude nouvelle pour les abstentionnistes ou déclencher une attitude nouvelle de la part des électeurs qui ne veulent pas faire un choix heurtant leurs convictions : telle est la possibilité offerte par le vote blanc qui va, enfin, permettre de séparer les bulletins nuls, invalides, des bulletins et enveloppes sans désignation, valides.

Certes, les bulletins blancs ne seront pas encore, cette fois, des suffrages exprimés (par peur, ont jugé les parlementaires, que ce soit, parfois, le vote blanc qui passe avant le vote nominal). Pourtant, connaître le nombre d'électeurs qui ne se prononcent pas et pourtant auront voté, sera plus qu'une information mais sera l'expression d'une volonté politique très éclairante.

Sortir le pays du bipartisme (PS-UMP) ou du tripatisme (PS-UMP plus FN !) exige que soit crié : nous ne jouons pas à ce jeu là. Nous votons et voterons. Nous ne voterons plus jamais autrement que comme nous pensons. Si cela devenait impossible, désormais, nous voterions blanc.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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