dimanche 29 juin 2014

Pacte de responsabilité et de solidarité : qui croire ?


Le ministre de Finances, Michel Sapin, s'époumone à marteler que la mise en oeuvre du pacte de responsabilité et de solidarité actuellement en discussion à l'Assemblée Nationale,1 devrait créer 190 000 emplois à l'horizon 20172 et doper la croissance.

Selon ces dires, les conséquences des 21 milliards d'allègements supplémentaires du pacte de responsabilité et de solidarité produiraient la création de 40 000 emplois en 2015 et 190 000 en 2017 et l'impact sur la croissance serait d'environ 0,25 % de croissance supplémentaire en moyenne par an.

Pendant ce temps, les services du « dit ministre » - Direction Générale du Trésor et des Finances publiques du Ministère des Finances - précisent dans des simulations que l'impact du pacte de responsabilité et de sa contrepartie, les 50 milliards de réduction des dépenses publiques, aura des conséquences négatives sur l'emploi en détruisant 250 000 emplois - solde négatif de moins 60 000 - et générera une perte de 0.7 % de croissance par an.

Il y peu, le Medef affirmait qu'un allègement de 100 milliards des cotisations sociales conduirait à la création de 1 million d'emplois et le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg demandait en contrepartie des avantages accordées aux entreprises la création 1.8 millions d'emplois.

Alors qui devons nous croire ?

Ou plutôt, il n'y a personne à croire, car il est temps qu'on arrête de prendre les citoyens pour des imbéciles, quelle que soit la vérité sur ce pacte, établir des plans pour réduire le chômage de 250 000 personnes lorsqu'il y a 5 millions de sans emploi et près de 5 autres millions qui occupent des emplois précaires, est, en terme correct, se moquer du monde.

Inutile d'être sociologue, économiste, de sortir de l'Ena, de Sciences Po ou de Polytechnique pour percevoir que notre société se transforme et que le nombre total des emplois disponibles continuera inexorablement à décroître.

Le temps n'est plus à concevoir des plans de replâtrage, mais c'est de mettre à plat le problème du partage du travail dans nos sociétés, de faire preuve d'inventivité, de combattre les conservatismes et les égoïsmes du libéralisme et de la finance.

Mais pour cela, il faut du courage politique, c'est ce qui manque le plus, aujourd'hui.

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

1  Le vote en première lecture est prévu le 1 juillet dans l'après-midi.
2   Il faut noter que l'Insee a annoncé vendredi dernier que nous avions dépassé le cap des 5 millions de chômeurs de catégorie A.

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