samedi 23 novembre 2013

Climat : le capitalisme nous conduit-il au suicide collectif ?



La conférence internationale de Varsovie sur le climat a laborieusement accouché d'un simulacre d'accord qui renvoie les participants à la prochaine conférence de Paris en 2015. Alors que la maison brûle, on recule encore pour prendre les nécessaires décisions ; c'est désolant, mais cela fera encore deux ans de perdus pour l'environnement !

Les grandes organisations non gouvernementales et les mouvements1 représentant la société civile mondiale ne s'étaient pas trompées et elles avaient « décidé de faire un meilleur usage de leur temps en se retirant des pourparlers de Varsovie ».

Alors que le monde vient de connaître le typhon Haiyan qui a dévasté les Philippines et qui, selon les spécialistes, fut le plus violent jamais enregistré, les délégations des 190 pays présents n'ont pu trouver qu'un semblant d'accord à minima qui, comme lors de chaque conférence, ne résout rien. Chacun y a été de sa larme de crocodile pour plaindre les populations philippines sinistrées et exprimer sa compassion, mais aucun État ne veut assumer ses responsabilités pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.

Les grands pays émergents demandent aux pays industrialisés qu'ils jugent les premiers responsables du réchauffement, au nom de leur « droit au développement », de faire beaucoup plus d’effort qu'eux. Cette demande est vigoureusement rejetée par les États-Unis qui refusent que la Chine2 bénéficie d'un traitement de faveur.

Ce refus nous fait entrevoir les véritables enjeux.

Les gouvernements sont sous la pression des forces financières et industrielles qui ne veulent absolument pas entendre parler d'une limitation des rejets dans l'atmosphère, synonyme d'un ralentissement économique et, de facto, d'une baisse des profits.

Aussi, il ne semble pas que le dérèglement climatique, maintenant avéré, fasse partie des préoccupations de l'oligarchie financière mondiale. Elle s'intéresse plus à son enrichissement à court terme qu'à l'avenir de la planète à long terme. Et, il ne faut pas oublier le cynisme de ces grands groupes qui manipulent l'économie mondiale. Lorsqu'une catastrophe se produit, leurs équipes spécialisées se rendent immédiatement sur place, pour porter aide aux populations, mais aussi et surtout, pour évaluer les besoins en reconstruction des diverses infrastructures et des bâtiments. Même s'il est insupportable d'imaginer que catastrophes riment avec croissance, elles génèrent pourtant des activités économiques, du chiffre d'affaire et des profits très importants. Les catastrophes naturelles, les guerres et leurs dégradations ont toujours été des facteurs d'enrichissement d'une fraction des citoyens au nom de la reprise économique. Et, en dehors des dons qui sortent de « nos » poches, les contributions matérielles et financières des nations ne sont pas consenties à fond perdu mais elles sont remboursées ultérieurement et porteuses de taux d'intérêts.

Le cynisme va plus loin, puisque certains groupes pétroliers se félicitent de la fonte d'une partie de la banquise arctique qui va permettre de réduire de 15 à 20 000 km la route des tankers vers l'Europe et générer des économies, à nouveau synonymes de profits juteux.

De plus, les études entreprises pour piéger le carbone dans les sous-sols terrestres et dans les océans laissent entrevoir un marché colossal qui fait rêver tous les financiers.

Compte tenu de l'inertie des gouvernements, jouets des pressions des forces financières, le dérèglement climatique ne fera qu'empirer et les effets prévus par les modèles les plus pessimistes seront atteints avant la fin du siècle.

Les conséquences des atermoiements de tous ces apprentis sorcier sont aujourd'hui imprévisibles, elles peuvent amener l'humanité à disparaître à plus ou moins brève échéance comme les grands mammifères avant elle. 

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux



1     Il s'agit entre autres de Greenpeace, Oxfam, WWF, Les amis de la Terre Europe, la Confédération internationale des syndicats et d'Action Aid International.
2     Chine : premier pollueur au monde en volume de pollutions - États-Unis : premier pollueur par tête d'habitant

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