vendredi 8 juin 2012

Rio plus Vingt ou plus Zéro ?

Le débat sur la croissance est relancé.
Le nouveau gouvernement français est convaincu que mieux vaut la croissance que l'austérité.
Le précédent prétendait que mieux valait l'austérité que la ruine.

Faut-il faire plus pour avoir plus ?
Le tout est de savoir qui doit avoir plus !
Aujourd'hui, ce sont les riches qui ont toujours plus.

Actuellement la démographie fait qu'il y a de plus en plus de pauvres à avoir moins.
On confond, sciemment, enrichissement d'un pays et enrichissement de ses habitants.
Il est des peuples qui croulent sous la misère autour d'iles de confort et de bien être.

On peut produire plus en diminuant le temps d'emploi et le nombre des salariés.
On peut faire consommer davantage en réduisant les salaires.
On peut vivre dans le luxe alors que la majorité des Terriens manque du nécessaire.

L'Earth Summit des 21 et 22 juin 2012, à Rio de Janeiro, va-t-il aborder le fond de ce sujet ?
Vingt ans après le précédent sommet de Rio, on peut en douter.
Changer d'optique, de paradigme ou de logiciel est impossible pour les dirigeants.

Changer d'optique, c'est supprimer les privilèges, comme on le voulait, en 1789, en France.
Changer de paradigme, c'est cesser de miser sur la croissance plutôt que sur le partage.
Changer de logiciel, c'est rompre avec la domination des milieux de la finance.

Comment peut-on croire ceux que vont changer de pratiques ceux qui ne peuvent rien changer ?
Comment croire que les marchés vont laisser agir ceux qui sont leurs marionnettes ?
Comment sortir du capitalisme pour sauver la planète ?

Les discours émouvants ne vont pas manquer ni les rapports alarmants.
Plutôt un "crash diplomatique que des engagements mous" estime Nicolas Hulot.
Plutôt l'échec donc que le faux semblant.

On continuera donc à parler de développement durable, même si cela ne veut plus rien dire.
On prêchera en faveur de l'économie verte, soit la récupération de la production écologique.
On parlera même de croissance verte, soit d'une plus grande exploitation des richesses naturelles.


Ne parlons pas de sobriété, c'est un vilain mot qui appauvrit les riches.
Ne parlons pas de solidarité, c'est un mot qui sent trop le communisme.
Ne parlons pas de fraternité, c'est confondre sentimentalisme et réalisme économique.


François Hollande, prudent, annonce le "risque d'échec".
L'écologie viendra après la crise nous a t-on dit, jusqu'à nous le faire croire.
On oublie, bien sûr, que la crise est d'abord écologique.


Prétendre pouvoir vivre mieux en dépensant moins n'est ni compris ni accepté.
Prétendre que le progrès est dans le mieux avant d'être dans le plus n'est ni compris ni accepté.
Prétendre que l'on peut gagner en efficacité en travaillant moins n'est ni compris ni accepté.

Il y aurait de quoi désespérer si les faits n'étaient pas plus têtus que les hommes.
Privés des ressources naturelles qui ont été pillées nous devrons bien vivre autrement.
Et si nous n'y sommes pas prêts encore, nous finirons par nous adapter au nouveau monde.

Combien de temps cela prendra-t-il et faut-il compter en années la venue du changement ?
Le slogan du candidat Hollande peut curieusement trouver là sa pertinence !
"Le changement maintenant" n'est pas celui des  pouvoirs mais celui de la civilisation.

Sans prise de conscience de la majorité des humains, il faudra bien attendre.
Mais cette prise de conscience, à évolution lente, peut devenir fulgurante.
Sous l'effet de la nécessité ou de la peur tous les critères sont bousculés.

La politique n'est plus la conquête des sièges d'où l'on peut agir.
La politique devient la prise de pouvoir sur nos vies.
Le siècle peut-être celui où le savoir partagé redistribue le pouvoir.

C'est le seul espoir que nous attendons du Sommet de Rio.
L'humanité peut découvrir que l'action de ceux qui ont tout transformé en marchandise a échoué.
Ce jour-là, rien ne résistera à une volonté de changement que les chefs États ne possèdent plus.



Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran



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