lundi 7 mai 2012

Austérité et croissance.



Les Grecs viennent d'exprimer leur refus d'une société où triomphent les politiques d'austérité. Ce qu'ils subissent peut se produire ailleurs en Europe, les mêmes causes produisant les mêmes effets.

Les Français viennent d'élire François Hollande président de la République française qui a fait campagne pour une relance de la croissance en Europe. Mais de quelle croissance et de quelle Europe s'agit-il ?

Voici des mois qu'on affirmait, notamment par l'intermédiaire de Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, que le retour de la croissance passait par une nécessaire austérité économique compte tenu de l'endettement de plusieurs États européens.


Austérité et croissance se contredisent. On ne peut, à la fois, diminuer les revenus et augmenter la consommation. Il n'est pas davantage possible de faire reculer le chômage et de réduire l'activité.

C'est du moins ce qu'affirment les économistes "classiques". En réalité, on confond austérité et rigueur, croissance et activité.

L'austérité consiste à faire payer à tous la nécessaire rigueur. C'est là une injustice violente qui conduit à punir ceux qui ne sont pour rien dans la régression économique et à épargner ceux qui ont gaspillé allègrement les ressources d'un pays.

La rigueur consiste à pratiquer une politique économique contrôlée qui partage les efforts au prorata des possibilités de contribution et qui élimine impitoyablement les gaspillages ruineux.

La croissance, (telle qu'on en parle de façon quasi sacralisée et sans esprit critique !), consiste à augmenter le volume des activités, quelles qu'elles soient, pour produire davantage de biens consommables, et de profits.

L'activité (industrielle, agricole et commerciale) consiste à produire et à distribuer ce dont la société a besoin, aujourd'hui, et à inventer les techniques et les outils avec lesquels pourront être satisfaits les besoins des sociétés futures.

En clair, il faut de la rigueur et il faut de l'activité pour que les peuples vivent en équilibre. Par contre, une croissance indéfinie et mythique, conjuguée avec une austérité injuste et brutale, conduit à un déséquilibre politique générateur de conflits sociaux majeurs.

La croissance et son associé, le productivisme, ont engendré un laisser-faire économique qui pervertit toute liberté d'entreprendre et constitue un véritable laxisme économique. L'abandon de ce laxisme économique ne conduit pas à sacrifier les politiques sociales !  Produire moins n'importe quoi pour peu que ça rapporte, mais produire plus ce qui manque encore d'essentiel dans notre vie quotidienne, tel est l'enjeu. Le gâchis généralisé est à l'origine de ce qu'on aura appelé à tort "la crise", comme s'il suffisait d'attendre que chute la fièvre sans soigner une maladie mortelle.

Sans une autre approche économique devenue écologique c'est-à-dire n'allant plus au-delà de l'exploitation des ressources renouvelables, l'impasse planétaire est totale. Avec sept, bientôt neuf milliards d'êtres humains sur Terre, le toujours plus est non seulement insensé, il est devenu dangereux. 

Nous sommes entrés dans un âge où la sobriété s'impose sous peine d'impossibilité de partager. S'y opposent, bien entendu, cyniquement, ceux qui veulent que perdurent leurs privilèges, quel que soit le prix à payer et quitte à sacrifier des générations entières.

Au lendemain d'une élection, en France, qui porte un coup d'arrêt à l'injustice considérée comme une nécessité incontournable, le travail intellectuel et politique qui s'annonce est des plus difficiles, mais il redevient possible d'espérer. L'avenir n'est pas "rose" mais il s'est rouvert. À nous d'y intervenir avec lucidité et efficacité.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran






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