dimanche 12 février 2012

La condamnation de Baltasar Garzón est une injure aux droits de l'Homme





Devenu encombrant, le juge espagnol Baltasar Garzón, connu dans le monde entier pour ses combats contre les atteintes aux droits de l'homme, a été condamné, jeudi 9 février, à onze ans d'interdiction d'exercer par le Tribunal suprême de Madrid pour avoir ordonné des écoutes de conversations entre des suspects incarcérés et leurs avocats, en violation des droits de la défense, dans une enquête sur un réseau de corruption qui avait éclaboussé la droite espagnole en 2009 .
Une seconde affaire visant le magistrat a été mise en délibéré par le Tribunal suprême.
Dans cette affaire, il est jugé pour avoir enfreint la loi d'amnistie de 1977 en voulant enquêter entre 2006 et 2008 sur le sort de plus de cent mille disparus de la guerre civile et du franquisme. Il s'est défendu en qualifiant de "crimes contre l'humanité" les disparitions de civils sous le franquisme, et il a ajouté qu'il s'agissait de "faits d'élimination systématique en vertu d'un plan conçu à l'avance de milliers et de milliers de personnes toujours portées disparues à ce jour".
À 56 ans, cette condamnation sonne la fin de la carrière du magistrat. 
 
 Oui, Franco comme Pétain ont voulu assassiner la démocratie !

Au delà de l'Espagne, c'est une véritable défaite pour la cause des droits de l'Homme. La condamnation de Baltasar Garzón en dit long sur le travail de sape qui est à l'œuvre dans le monde occidental pour tenter d'affaiblir et réduire au silence les défenseurs des libertés, des droits fondamentaux et autres corruptions.
Les démocraties occidentales sont incapables de s'emparer de l'Histoire et de juger de leurs propres crimes. Au contraire, le Tribunal suprême espagnol a conforté l'impunité des nostalgiques de la Phalange et fait le lit des partisans des partis d'extrême droite et des mouvements fascistes qui reprennent des couleurs dans notre société.
En France, il est périlleux, voire impossible d'aborder le passé récent ; la collaboration, les évènements de Sétif du 8 mai 1945, la guerre d'Algérie et la torture, le 17 octobre 1962, et beaucoup d'autres exactions encore plus récentes, dont nous nous sommes rendus coupables, ne peuvent être abordées sans emportement et de manière apaisée.
Dans ces conditions, affirmer que l'occident est une « civilisation supérieure » devient simple, voire simpliste, puisque nous n'avons pas à faire le bilan de nos actes, notamment les plus vils.
Les militants des droits de l'homme ne peuvent pas admettre que l'on réduise au silence un des combattants les plus exemplaires de la lutte contre les injustices et pour la vérité.
Pour survivre, la démocratie a besoin d'asseoir le présent sur l'histoire de son passé, encore faut-il qu'il soit correctement décrypté.
Pour écrire cette histoire, il faut des hommes courageux comme Baltasar Garzón.
Avec lui, relevons le défi !
 
Ridiculisons les clowns sinistres. Il en reste !

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

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