mardi 1 novembre 2011

La démocratie ira-t-elle se faire voir chez les Grecs ?


Un collier ou une breloque d'or ?

C'est un véritable et inattendu événement politique : l'annonce, par le premier ministre grec, Georges Papandréou, d'un référendum devant approuver, ou désapprouver, le compromis obtenu, la semaine passée, à Bruxelles pour maîtriser la dette grecque.

Quoi qu'il arrive, à présent, y compris si le gouvernement grec devait démissionner, si des élections anticipées étaient annoncées, et si ce référendum n'avait pas même lieu, des enseignements majeurs sont à retirer de cette tragi-comédie politique.

• Qu'on s'offusque que le peuple soit consulté fait sourire alors que ceux qui critiquent cette initiative grecque se veulent, volontiers, des donneurs de leçons de démocratie.

• Nicolas Sarkozy a écarté, pour la forme, cette critique de l'appel au peuple mais pour, aussitôt, appeler celui qui a surpris les leaders européens, à comparaître, en ouverture du G20, pour s'expliquer. La souveraineté populaire aurait-elle vécu ?

• Quels que soient les torts des Grecs, et ils en ont, ce n'est pas en les culpabilisant et en les étrillant qu'on les fera changer de comportement ! Pourquoi les armateurs, l'Église orthodoxe, les plus riches ont-ils été mis à l'abri d'une fiscalité indispensable ? C'est toute une culture de la facilité qu'on a encouragée, grâce à des financements d'emprunts dont nombre de banques, et plusieurs françaises, ont fait la proposition, sûres qu'elles étaient de gagner de l'argent facile.

• Le probable retour aux affaires (si l'on peut dire...), de la droite grecque (qui avait installé le système et a bien profité de lui) montre que l'alternance droite/gauche ou gauche/droite ne peut, à elle seule, garantir un changement politique.

• Que la rébellion grecque, dans la rue, parmi les élus du PASOK puis, bientôt, dans les urnes, perturbent à ce point, ce jour de la Toussant 2011, les gouvernements de la zone euro, les bourses, les opinions, montre, s'il en était besoin, que rien n'est définitif en politique mais, surtout, que l'économie ne commande pas tout.

• La Grèce vivait au-dessus de ses moyens mais pas plus que les autres ! Le budget militaire de la Grèce, l'un des plus importants en Europe, (pour se tenir prêt face à un éventuel conflit avec la Turquie, notamment à Chypre), pesait sur les finances de ce pays de façon démesurée. Qui en a parlé ? Qu'a-t-on demandé comme effort à la Grèce à ce sujet. Qui lui vendait des armes ? Rappelons-nous : Daniel Cohn-Bendit affirmait tenir de la bouche-même du chef du gouvernement grec, sans être contredit, qu'au cours d’une rencontre, en marge du sommet de l’Otan, à la mi-février 2010, Nicolas Sarkozy et François Fillon auraient glissé à Georges Papandréou : "Nous allons lever des sommes pour vous aider, mais vous devez continuer à payer les contrats d’armements qu’on a avec vous, signés par le gouvernement Caramanlis".

Il ne peut rien sortir de bon de la situation créée par cette rupture de contrat politique car les chefs d'État, ridiculisés, vont faire payer cher leur déconvenue. Pourtant, même si Georges Papandréou quitte le pouvoir, il le fera dans la dignité, sans s'être laissé transformer en petit-chien-obéissant !

Au peuple grec, à présent, de se saisir de ses propres affaires. N'est-il pas enfant du Parthénon et ne vit-il pas en ces lieux d'où jaillirent les pensées qui ont permis l'apparition du concept même de démocratie ? Cela mérite, tout de même quelque respect, de la part de tous les Européens !

Il ne suffira pas aux électeurs grecs de punir le PASOK ! Il faudra aller au bout de la contestation du pouvoir des financiers qui ont gavé les plus nantis des Grecs pour, maintenant les noyer tous, jusqu'au plus pauvre, sous des dettes insurmontables, certaines accumulées depuis les J.O d'Athènes, sans que cela perturbe, alors, qui que ce soit !

Belle leçon de réalisme politique ! On ne règle pas tout avec des mots ! Nous nous réjouissons, en outre, que l'on cesse d'appeler Europe le couple franco-allemand qui n'a ni vocation à être la locomotive du train européen, ni à être décideur de l'objectif et de l'itinéraire du voyage.

Que la Belgique, à son tour, veuille sortir du nucléaire en est la démonstration : on ne fera pas une Europe française et, sur ce point, Angela Merkel dispose d'arguments qui le prouvent. Il n'y a, pour la France (car son tour viendra), le Portugal, l'Espagne, l'Italie, l'Irlande... et la Grèce de solution économique qui serait négociée avec les puissances financières privées.

Combien va-t-il nous falloir de temps pour le comprendre et entrer dans un partage respectant tous les peuples

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Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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