mardi 30 août 2011

Les électeurs dans la nasse



Voici quelques mois encore, les médias ne nous offraient pas d'échappatoire : pour les prochaines élections présidentielles, nous aurions à choisir entre le président sortant et le directeur du FMI !

À présent, le second étant hors course, bien que sur le point d'être bien accueilli à Sarcelles, - moins, désormais, parmi les socialistes ! -, ces mêmes médias nous enferment dans une nouvelle alternative : ce sera Sarkozy ou Hollande. La messe est dite.

Les commentateurs les plus affutés, en tout cas les plus péremptoires, - tels que ceux qui palabrent au cours de l'émission "C dans l'air" -, laissent, certes, la porte entrouverte à Martine Aubry, mais toutes les analyses proposées aux téléspectateurs vont dans le même sens : en période de crise, seuls les candidats de la droite ou de la gauche considérés comme responsables peuvent l'emporter. Exit, par conséquent, toute contestation du système capitaliste : "ça ne marche pas", comme l'avait dit Valéry Giscard d'Estaing, condamnant "le socialisme", dans les années 1970.


Qu'il s'agisse de la primaire organisée par le PS ou de l'élection présidentielle elle-même, tout est déjà organisé pour que les contestataires du bipartisme comptent les coups, sans pouvoir en distribuer eux-mêmes d'efficaces.

Ainsi François Hollande, peut-il déjà espérer obtenir les soutiens de Manuel Vals, Jean-Michel Baylet, s'il y a, - oui, s'il y a...! - un second tour ! L'outsider, Ségolène Royal, ambitionne, en fin de parcours, de peser et "faire roi" qui elle veut, en se vendant, elle, ses électeurs et son avenir politique, au plus offrant, fut-il son ex-époux.

Au reste, tous les anciens soutiens de DSK, ou presque, se sont repliés sur la candidature de François Hollande, lequel peut encore compter sur les "grands élus", ceux que les prétentions de Martine Aubry d'instaurer le non cumul des mandats... agacent au plus haut point.

Et les autres candidats ? Et bien il leur faudra fournir, au second tour, "le bon complément de voix", et ils en seront récompensés, installés qu'ils pourraient être sur quelques strapontins confortables. Qui ne veut plus de Sarkozy devra accepter le choix des socialistes, et ce choix sera le moins socialiste possible...

"Martine à l'offensive", "Pauvre Martine", "Martine Aubry sur la défensive"..., sur internet, les sites de RFI, Le Figaro, France-Info ont des titres qui ne craignent pas la contradiction. Le message à faire passer est limpide : "Martine est mal partie". Sa faute suprême est d'être encore convaincue que le socialisme à la française n'est pas tout à fait fini !

Constatons, enfin, que pour participer aux primaires socialistes il faudra prendre l'engagement (moral) de voter pour le candidat choisi, finalement..., par le parti. Ouverte à tous les électeurs, cette primaire, voulue par les socialistes, leur fera le même le coup que l'élection définitive : il faut rester dans l'alternance UMP/ PS.

Passe encore de chercher à nous convaincre de nous engager pour le second tour, puisque cette élection présidentielle perdure, hélas, et pèse si lourd dans nos actuelles institutions, (et encore, la liberté de vote ne se négocie pas), mais nous enjoindre de voter PS, dès le premier tour, parce que l'on aura participé à une primaire socialiste, c'est un peu fort ! D'autant qu'un écologiste qui ne pourra supporter Hollande pro-nucléaire, pourrait se contenter d'Aubry, prête, elle, à sortir, fut-ce lentement, du nucléaire.

Nous sommes, vous dit-on, dans la nasse ! À nous de ne pas nous y laisser enfermer.



Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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