lundi 2 mai 2011

Ben Laden : peut-on se réjouir de la mort d'un homme ?

Nous n'allons pas pleurer.
Ben Laden n'a rien fait que nous puissions approuver !
Il est, pourtant, quelque indécence à se réjouir de sa mort.
Qui se réclame de la civilisation ne peut considérer la mort comme une victoire.
En outre, Ben Laden n'était pas la cause mais l'organisateur d'une politique de terrorisme.
Lui parti, il serait naïf et irresponsable de se croire débarrassé d'un fléau !

Le "printemps arabe" aura fait plus pour réduire l'influence d'Al Qaïda que l'armée US.
Les morts d'un fils Khadafi et de trois de ses petits-fils, sous les coups de l'OTAN, si elles sont confirmées, conforteront, hélas, les alliés du dictateur.
Les morts de Marrakesh, non encore revendiquées, dont une fillette aussi, une française, sont des innocents !
Les violences militaires mélangent les morts innocentes avec celles des criminels !

La guerre d'Afghanistan, quoi qu'il arrive, à présent, aura été un échec.
L'implication d'une partie du Pakistan, où s'était réfugié, assez facilement, Ben Laden, est avérée.

La satisfaction de nombre de nos leaders politiques a quelque chose de tragique.
Il y a, là, comme un ouf de soulagement qui révèle plus nos échecs qu'un succès.
Pourquoi a-t-il fallu dix ans à la plus grande puissance militaire du monde pour venir à bout d'un seul homme ?
Nous pouvions, du reste, penser qu'on entretenait le mythe de sa survie, mais qu'il était déjà mort.
On savait l'homme malade, diminué, mais il restait introuvable. Qui l'a "donné" ?
Les informations qui tombent, huit jours après la mort de Ben Laden, n'ont-elles pas été préparées, mises en images, bref trafiquées ?

Le Figaro a présenté prudemment "L'image du corps supposé de Ben Laden" : ( cf : http://www.lefigaro.fr/international/2011/05/02/01003-20110502ARTFIG00358-une-photo-d-un-homme-presente-comme-ben-laden.php ) et commente ainsi :

"Des chaînes de télévision pakistanaises montraient lundi le visage partiellement défiguré d'un homme qu'elles présentent comme Oussama Ben Laden, tué dans une opération américaine au Pakistan, sans pouvoir cependant authentifier l'image. La photo montre un homme arborant une barbe noire hirsute, le visage en sang et partiellement enfoncé au niveau des orbites.

Selon un haut responsable américain, qui témoigne anonymement, Ben Laden a résisté à l'assaut et a reçu une balle dans la tête. Les autorités américaines ont utilisé une technique de reconnaissance faciale pour identifier le corps et des analyses ADN sont en cours. Les résultats de ces tests devraient être disponibles dans quelques jours.

Les États-Unis, qui ont récupéré le corps, s'emploient à ce que la dépouille mortelle soit manipulée conformément aux traditions et aux pratiques de l'islam, a déclaré lundi un responsable américain".

Combien de fois n'a-t-on vu le portrait d'un Ben Laden, dont la barbe était devenu blanche ?


Aurait-il teint cette barbe pour ne pas être reconnu ? Le doute s'installe d'ores et déjà.

Quelques heures plus tard, nous apprenons que c'est un faux ! Antenne 2 présente des excuses aux téléspectateurs pour les avoir dupés. On apprend aussi que le corps de Ben Laden a été immédiatement immergé ! On avancera que c'est pour éviter qu'on ne lui rende un culte, mais rien n'interdit de penser que le corps ne pouvait être vu. Pourquoi ? Trop dégradé ? Un corps a-t-il été substitué à celui du chef d'Al Qaïda ? Les zones d'ombre ne manquent pas. A-t-on tué un mythe ou un homme en état de se défendre et tombé au combat ? Nous, citoyens éloignés des sources d'information, avons toutes raison d'être dubitatifs.


Un lâche soulagement accompagne des manifestations de joie qui pourraient bien ne pas marquer, hélas, la fin d'un conflit dont Ben Laden déjà mort, enfin mort, ou encore vivant, n'était que l'organe médiatique le plus connu, mais qui n'en était plus l'agent principal, tant la diaspora du terrorisme politique s'est étalée, parfois fort loin du Pakistan.

Tant que les véritables causes du terrorisme n'auront pas été recherchées, analysées, exposées et combattues, et autrement que par la guerre, il y aura des Ben Laden.


L'ombre est indestructible mais peut, elle, encore détruire !

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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