samedi 9 avril 2011

2012 : quels choix pour les électeurs ?

Depuis que la durée du mandat présidentiel a été ramenée à 5 ans, nous n'avons connu, en 2002 puis en 2007, que des catastrophes. Non pas qu'auparavant la durée du mandat, sur sept ans, ait donné des résultats heureux, mais le mandat nullissime de Jacques Chirac, élu faute de mieux face à Le Pen, puis le mandat brutal de Nicolas Sarkozy, élu face à un candidate sans projet réellement socialiste, ont laissé la démocratie, au bord d'un gouffre politique.

Ce gouffre dont nous parlons n'est pas seulement celui dans lequel pourrait nous faire chuter la montée du Front National, c'est aussi, et surtout, la non prise en compte, par les partis politiques, de réalités nouvelles, d'ordre économique, écologique et institutionnel pouvant peser sur le résultat final de l'élection présidentielle de 2012.

Nous avons parlé d'une tripolitique qui consiste, disions-nous,
• à mettre en œuvre la politique du partage et de la solidarité d'un bout à l'autre de la vie,
• à générer l'économie de la juste sobriété d'un bout à l'autre de la planète,
• et à promouvoir l'écologie de la maîtrise des énergies et des ressources terrestres épuisables.

Car, insistions-nous, dans les trois domaines décisifs en politique, (la démocratie, le social et l'environnement), la donne a changé. On ne peut d'ailleurs plus s'en tenir à ces vocables généraux. La politique, l'économie et l'écologie sont entrées en dialogue, en interagissant l'une sur l'autre.

Nous sommes convaincus qu'est venu le temps des grandes ruptures, constitutionnelle (la Ve République a épuisé ses possibilités ; elle est antidémocratique), systémique (le capitalisme est une piraterie, une barbarie dont le culte de la croissance détruit autant la civilisation que la nature), écosophique (l'énergie nucléaire autant que l'énergie pétrolière vont, peu à peu, sortir du champ des sociétés humaines).

Est-ce de cela qu'il sera question en 2012 ? On en peut douter.



Celui qui tiendrait ce discours ne serait pas élu. Même si un Nicolas Hulot l'évoque, il ne pourra percer le mur des fausses certitudes ! Le mandat à court terme du Président d'un petit État ultra centralisé ne peut élever le débat politique au niveau où il faudrait le placer (qui est continental) ni l'élargir à sa dimension convenable (qui est planétaire). Il ne sera pas question de relance d'une Europe politique non dépendante des "marchés". Il ne sera pas question de renouveler, en profondeur, les institutions, gaulliennes donc encore monarchiques, de la République (voir le vide de l'actuel projet socialiste à ce sujet!). Il ne sera pas question des décisions économiques pouvant commencer à freiner le changement climatique qui bouleverse et bouleversera toujours plus la vie quotidienne. Il ne sera pas question du partage de la terre qui peut seul réduire les migrations de plus en plus incontrôlables avec ou sans répressions. Il ne sera pas question de renoncer au nucléaire, dès à présent, afin de l'avoir l'abandonné d'ici quelques dizaines d'années. Il ne sera pas question de substituer la sobriété à l'austérité afin de faire décroître les gaspillages géants, les surconsommations d'énergie que l'isolation systématiquement généralisée réduirait. Il ne sera pas question d'engager une politique de transports publics massive faisant concurrence à la route.

Certes, les candidats ne sont pas des ignorants et ils feront état, "à la marge", de l'existence de ces soucis de civilisation, mais ni leur culture, ni leurs intérêts électoraux ne leur permettront de faire des propositions fortes, à la hauteur des enjeux. Bref le culte du progrès, prétendument lié à la croissance permanente des productions, a encore de beaux (!) jours devant lui. Ce n'est pas une élection qui fait changer le cours d'une civilisation. Une élection ne peut que suivre ou accompagner un changement de société.

Alors, une élection de trop ? Si l'on veut dire que ce sera une élection qui ne peut faire mieux que nous débarrasser d'un personnage excessif qui fait la honte de la France. Non ! Mais rien n'est sûr, et des scénari catastrophes ne sont pas exclus. Le mode de scrutin est à ce point pervers qu'il peut conduire, de nouveau, à l'élection du "moins mauvais", par exemple si le total des voix PS+Front de gauche+ écologistes est nettement majoritaire mais si aucun des trois candidats de ces courants de pensée ne dépasse les deux principaux candidats de droite... L'exaspération du pays peut, pour la première fois, affaiblir la participation électorale et gonfler, en même temps, le vote protestataire d'extrême droite. Et ce n'est pas parce que ce risque est faible qu'il n'existe pas !

Alors, faut-il, faire taire toutes les voix de ceux qui ne peuvent prétendre à la victoire ? Autrement dit faut-il s'en tenir aux seuls candidats PS et UMP, et ce dès le premier tour ? Le piège est béant mais l'appât qui se trouve logé en son centre est fort attractif pour des citoyens réalistes !


Le meilleur argument de Marine Le Pen

Alors une élection de trop puisque la volonté populaire est canalisée et conduite vers un autre choix que celui qu'elle aurait pu effectuer ? Oui et non. Il faut se servir du vote sans compter sur son résultat. Il faut poser toutes les questions politiques, y compris celles qu'aucun candidat ou presque ne posera. Il faut faire en sorte que, (pardon, pour cette formule...), les révolutions ne restent pas arabes !

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran


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