jeudi 11 novembre 2010

Résister pour changer enfin


Michel Jobert (1921-2002)

"Je suis ailleurs" (ni à droite, ni à gauche), disait Michel Jobert, ancien ministre des Affaires étrangères des années 1970. "Ailleurs", c'est à dire nulle part ? Mais faut-il être quelque part, en politique, pour être ?

Nous ne sommes nulle part dans le camp de l'UMP et de ses groupuscules associés, aussi peu gaullistes que possible, bien entendu. Nous ne nous sommes jamais plongés dans les eaux tièdes des centrismes où l'on veut une chose et son contraire. Nous ne sommes pas dans les eaux mélangées d'un PS qui n'a plus rien de jaurèssien et qui s'est converti à l'économie de marché autant qu'à l'économie "avec marché". Nous avons oublié, depuis longtemps, un parti communiste qui ne s'est jamais remis de la fin de l'Union soviétique et qui n'a, comme raison d'être que le sauvetage des élus qui lui restent. Nous avons de la sympathie pour les idées écologistes mais pas pour les pratiques qui ont fait des Verts ou d'Europe écologie -ce sera bientôt tout un !- un parti comme les autres, ne faisant nullement, en dépit de ses proclamations, de la politique "autrement". Nous ne fréquentons pas les diverses chapelles qu'on a peine à appeler encore gauchistes et qui accueillent ces messieurs-je-sais-tout qui n'ont plus de la révolution que des idées toutes faites...

Il est pourtant bien des lieux où se pense la politique, en France, hors des partis. Un parti a pour tâche d'occuper la plus grande partie du terrain à conquérir afin que - c'est la règle du jeu "démocratie" -, il puisse, un temps, y faire la loi partout y compris sur les parcelles occupées par ses concurrents. Ce sont les troupes affrontées dans une guerre perpétuelle de plus en plus visiblement surannée. Le discours médiatique que tiennent les porte parole de ces petites ou grosses officines, petits chefs de guerre, est convenu, "téléphoné", trop visiblement mensonger pour convaincre les citoyens informés. Il n'est du reste pas fait pour convaincre mais pour vaincre.

Nous ne saurions en rester à l'antitoutisme... La critique des partis, à commencer par ceux qui entendent, jusqu'à la fin des temps, se partager le gâteau du pouvoir, n'a de sens que si on l'accompagne d'une offre démocratique nouvelle. La pérennité des partis, néfastes ou inutiles, tient à ce qu'ils remplissent un vide : vide de pensée et vide d'organisation. Et nous n'échappons pas, cette fois, à l'autocritique : nos pensées sont molles et notre organisation nulle, étroite ou floue.

Avec tous ceux, bien plus nombreux qu'on ne croit, qui se sont écartés des idées toutes faites et des organisations "y-a-qu'à", nous avons un défi à relever : celui de mettre au monde une démocratie jamais essayée, encore inconnue, dont nous connaissons les contours (partage réel, mandat unique, constitution déprésidentialisée, ouverture à l'Europe sans perte d'autonomie, responsabilisation citoyenne maximale, vie simple, fin de la nucléarisation civile et militaire, engagement sans retour dans une économie qui respecte la planète...) mais pas les contenus, car les têtes de chapitres ne font pas un livre. En outre, il ne suffit pas d'écrire un livre; il s'agit d'écrire une autre histoire.

Nous avons conscience de nos insuffisances en même temps que de l'utilité de notre ambition. Avec ou sans nous, les pages de l'histoire vont se tourner. Le monde actuel est devenu illisible voire risible. Et ce n'est pas le G20, ce club des riches, qui va y changer quelque chose ! À cette société installée dans des certitudes illusoires, nous savons bien que va succéder une nouvelle aventure humaine. Nous voudrions y participer avec modestie et compétence? Nous voudrions surtout que cela se fasse au moindre coût en vies humaines.


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Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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