mardi 7 septembre 2010

Mais où est l'argent ?


La Semeuse a t-elle vidé son sac ou a-t-elle, dedans, plus d'un tour ?

Les caisses sont vides ! La rigueur s'impose ! Mais où est l'argent ? Les citoyens n'y comprennent rien et ne peuvent rien y comprendre !

Les comptes de la Sécurité Sociale sont, nous dit-on, dans le rouge. Il nous est précisé aussi que l'État n'a pas payé sa part et que s'il la payait, les comptes seraient en équilibre. Si c'est bien le cas, on ne pourrait affirmer que la Sécurité Sociale est en déficit qu'une fois les retards de paiement effectués. Mais cette exigence rationnelle, comptable et citoyenne ne s'exprime guère. Pourquoi ? Passe de faire des économies et de ne pas gaspiller, mais ne rien changer à notre façon de nous soigner, continuer à faire de la santé un marché, et autoriser l'État à prélever sur cette manne tout en diminuant les remboursements. Non !


La bonne fortune n'est pas dans les étoiles !

Mais il y a plus grave encore, si possible ! Il faudrait travailler plus tard et cotiser davantage pour pouvoir assurer les retraites des Français ! Cette curieuse logique repose sur plusieurs idées fausses. La première est qu'il faut travailler plus, allonger donc le temps passé dans l'entreprise, alors que, depuis des décennies, très régulièrement, il faut de moins en moins de temps travaillé pour produire davantage ! La seconde est que l'allongement de la durée de la vie coûte et qu'il faut donc le payer, alors que les revenus du capital croissent sans aucune commune mesure avec les revenus du travail. La troisième est que l'on a besoin de la compétence des anciens au travail et que satisfaire le désir d'emploi correspond à un besoin de société, alors que le chômage, ou plutôt la décrue programmée de l'emploi tout au long de la vie professionnelle, est un objectif avéré du patronat.

Ces deux domaines fondamentaux sur lesquels repose la sécurité des sécurités, la sécurité sociale, sont ceux où apparait le mieux la rupture que veut opérer le gouvernement : faire de tout un marché, n'accepter aucun déficit, faire tout payer aux usagers, tenir des comptabilités qui n'englobent pas l'ensemble des coûts et des rentrées possibles, bref, rompre avec l'apport du Conseil National de la Résistance qui avait obtenu du patronat collaborateur qu'il se plie aux exigences sociales de l'après-guerre !

Mais une question reste à examiner : où est l'argent ? Comment peut-on en trouver pour sauver les banques et pas pour sauver les retraites ? Il ne s'agit pas seulement de faire "payer les riches", il s'agit de savoir où est l'argent et qui en dispose ? L'État ? Les banques ? les entreprises ? Les rentiers ? Les actionnaires ? Comment se partage "le gâteau" ? Pourquoi les parts sont-elles de plus en plus inégales ? Pourquoi le salariat supporte-t-il plus les coûts que ceux qui paient les salaires ? Pourquoi ces très vieilles et banales questions n'ont-elles jamais reçu de réponse claire, quel que soit le régime politique en place, qu'il soit "communiste" ou "capitaliste" (dans ses deux variantes social-démocrate ou libérale ?)


La Poule aux œufs d'or une fois tuée révèle vide.

Il n'y a pas de Poule aux œufs d'or, de Corne d'abondance, de Semeuse semant sans fin ou de Dame Fortune. Il n'est pas de mythe en l'affaire ou plutôt dans les affaires ! Que BP puisse sacrifier des milliards de dollars pour sauver sa réputation menacée par la pollution géante du golfe du Mexique révèle bien qu'il est deux mondes : celui où l'on ne compte plus parce qu'on a tout et celui où l'on compte constamment parce que l'on a peu.


La richesse n'est pas dans l'argent mais dans ce qui produit l'argent.

Où est l'argent ? Et, question subsidiaire, à qui est-il ? Que des particuliers possèdent plus que des peuples entiers est non seulement insensé et choquant mais inhumain, intolérable et nous condamne, tous. Oui, se condamne celui qui accepte cette injustice géante et radicale qui concentre les avoirs au lieu de les distribuer. Mais attention, l'acceptation n'est pas uniquement celle de celui qui en jouit, elle est chez celui qui la supporte, voire espère avoir son tour, à la loterie du bonheur !



Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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