lundi 6 septembre 2010

Les bessons

Les bessons, ce sont des jumeaux. Dans la nature. Pas en politique. Les Besson sont loin d'être frères !



Louis Besson (l'ancien) est le ministre socialiste qui s'efforça de contraindre les villes de plus de 5000 habitants à laisser, dans la commune, un espace de vie digne aux familles résidant en habitat mobile. Il dut s'y reprendre à deux fois, la première Loi Besson, votée dix plus tôt, n'ayant pas eu l'efficacité escomptée. Ainsi naquit la Loi n°2000-614 du 5 juillet 2000 relative à l'accueil et à l'habitat des gens du voyage.




Éric Besson (le moins vieux) est le ministre sarkoziste, ex-membre du PS, soutien de DSK en 2006, qui se sera efforcé d'appliquer la politique de son nouveau maître et qui, avec beaucoup de talent, d'aisance et de culot, aura réussi à présenter comme une action humanitaire, l'expulsion des Roms roumains et bulgares venus tenter de vivre en France.

La confusion entre les deux noms est à la mesure de la confusion entre "les gens du voyage", Français tsiganes, (Manouches ou Gitans, appelés aussi les Roms
de France) et les étrangers tsiganes (Roumains ou Bulgares, parfois Kossovars, appelés aussi Roms en France). Les uns sont nos compatriotes ; les autres sont nos concitoyens européens depuis janvier 2007. Mais basta, tous les campements irréguliers seront désormais considérés comme des repaires de brigands !

Louis Besson voulait l'accueil des Roms
de France ; Éric Besson veut le départ des Roms en France. Le premier, à défaut d'intégration, prônait l'insertion de façon pratique. Le second prétend que toute situation d'irrégularité, qu'elle concerne des "sans papiers" ou des "Roms", doit entrainer un retour au pays d'origine de gré ou de force.

Louis Besson recherchait, avec maladresse et bonne volonté, pour les Français, tsiganes ou non, vivant en caravane, des lieux où le stationnement et le séjour seraient rapidement autorisés et organisés, dans des conditions matérielles décentes. Dix ans après la loi Besson 2, ce programme n'est réalisé qu'en faible partie, du fait de l'absence de volonté politique des majorités qui se sont succédées depuis 2002.

Éric Besson, exécute avec une audace et une habileté qui laissent pantois, sa mission conjointe avec celle du ministre de l'Intérieur : toute immigration doit être une intégration, sinon...dehors ! L'homme est trop intelligent pour ne pas savoir que présenter comme une évidence cette contre-vérité est voué à l'échec, mais il a lié son sort à celui du président de la République actuel et il défendra
mordicus ce qu'il n'a pas toujours dit (voire pensé) : "la France, on en respecte toutes les lois, ou on la quitte" ; et sous certaines des lois, il y a désormais ceci : "si tu es trop pauvre, et donc si tu n'as pas les moyens de vivre en France, va-t-en !"

Louis était un honnête socialiste ; Éric ne fut socialiste qu'en façade. Louis a agi pour améliorer le sort des hommes. Éric agit pour que les Français se rangent, en majorité, derrière le porte-parole de la politique la plus intransigeante et la plus brutale que la France ait connue, depuis Vichy, mise à part la période de la guerre d'Algérie !

Il est remarquable que ce soit à propos des personnes et des familles sans habitat stable que se soient illustrés les deux Besson ! Encore une fois, même sans reconnaître la minorité tsigane en tant que telle, Louis Besson a œuvré pour que chaque Français dispose d'un véritable droit à vivre, comprenant le droit à stationner, indissociable du droit de circuler. Éric Besson, lui, quand il s'agit du droit communautaire à circuler dans toute l'Europe, ne laisse ce droit ouvert qu'aux riches, ceux dont les revenus, obtenus par le travail ou pas,
en France, en Roumanie, ou ailleurs, permettent de demeurer en France, d'y vendre et acheter ce qu'on veut, le cas échéant en se vautrant dans le luxe.

Il faut avoir la patience et le courage de réentendre l'émission de C/Politique du 5 septembre 2010, dont le premier invité aura été Éric Besson, pour mesurer toute l'étendue du savoir faire de cet habile et dangereux politique, trop sous estimé par ses adversaires.

En tout cas pas par nous !

http://www.france5.fr/c-politique/index.php?page=article&numsite=4097&id_article=12215&id_rubrique=4100

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran



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