lundi 16 août 2010

Quand et comment sortir de l'impuissance ?

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Les Français s'inquiètent : l'État sarkoziste déraille. Il déraille, mais roule encore, écrasant sur son passage ce sur quoi il veut passer.

Nous sommes spectateurs, protestataires, et rouges de honte. Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Mais que faire pour mettre fin à ces scandales, brutalités et autres vilénies ? Devons nous attendre les élections prochaines ? Devons-nous nous soumettre à ce que nous avons permis en 2007, et boire le calice jusqu'à la lie ?

Le pire n'est pas que nous nous soyons trompés en faisant un mauvais choix politique, le pire est qu'après constat, il n'existe point de réversibilité possible. Nous sommes à ce point formatés à ce que nous prenons pour une obligation démocratique, que nous nous interdisons de faire plus que de critiquer. Les fonctionnaires fonctionnent (comprenez : ils obéissent). Les policiers suivent les ordres qu'ils reçoivent (comprenez : ils les exécutent). Les enseignants forment, informent et déforment selon les directives auxquels ils sont soumis (comprenez : ils conforment et ainsi réforment). Les résistances sont molles. Les changements sont régressifs.

Quand échapper à notre impuissance face à des décisions, des exigences et des actes qui sont autant de blessures au cœur de nos vies ? Tout de suite, sans attendre, entrons en insoumission. Cet été ne peut se terminer sans que nous nous dressions contre des politiques nuisibles et dangereuses, sans perspective et sans idéal.

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Comment, surtout, sortir de cette domination qui, en France, accable ceux qui y vivent ou qui y séjournent, d'autant plus brutalement qu'ils sont des "sans" : sans pouvoir, sans argent, sans toit, sans emploi, sans considération ? Comment ? En nous solidarisant de ceux qu'on pourchasse.

Car soyons précis : il est des pays plus insupportables que le nôtre; nous n'avons pas (encore) perdu le droit à la parole et à la protestation publique. Mais ce qui choque affreusement, en France, c'est l'hiatus entre les institutions, la parole publique et les comportements des dirigeants, qui ne cachent même plus leur connivence avec les maîtres de la fortune. Les dictatures ont au moins cette vérité d'être ce qu'elles sont : des États qui privent les habitants de leur citoyenneté. La démocratie dévoyée devient pire quand elle noie, sous des flux de mots, toute opposition aux politiques qui anesthésient ou brident la volonté populaire.

La France sarkoziste n'a pas encore produit tous ses effets mais quand nous nous rendrons compte du chemin que nous avons parcouru, à contre sens, il sera peut-être trop tard pour changer de direction.

Les innombrables prises de positions critiques de la part de personnalités suffoquées par l'outrance et la grossièreté des préconisations faites par l'occupant principal et les visiteurs attitrés de l'Élysée n'y suffisent plus. Le péril nous submerge. Les intellectuels ont parlé trop tard et les avides qui sont "aux affaires", comme on dit, ne sont guère troublés par les cris horrifiés de ceux des journalistes ou professeurs qui ne sont encore ni couchés ni résignés.



Alors ?

Alors, il faut porter le regard loin devant nous et commencer à vivre comme il sera nécessaire de le faire bientôt, si nous ne voulons pas mourir de désespoir ! Il faut, dit Yves Cochet (1), "dire la vérité et assumer la décroissance", ce qui signifie, à ses yeux, accepter que nous allons changer de monde (si ce n'est déjà fait...). Il ose pour cela parler de la semaine de 28 heures en 4 jours... ou de revenu d'existence élevé, universel, inconditionnel et individuel ! Ou ce type est fou ou, comme on peut le croire, il dit la vérité. ("il doit donc être exécuté" disait la chanson...).

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Alors, il faut débarrasser notre intelligence des références à cet Ubu-Roi, dangereux mais fini. Il ne suffira pas que, comme Jean-François Kahn, on découvre "le voyou" chez Sarkozy. Il ne suffira pas que, comme Daniel Cohn-Bendit, on dénonce "un positionnement pervers" fait de "stupidité et de malveillance", il faut rompre, du plus profond de notre être, avec un système tout entier qui n'est pas seulement capitaliste, qui n'est pas seulement incarné en la personne de l'actuel Président, mais est devenu caricatural et machiavélique par la conception de l'homme qui s'y développe, y circule et l'inspire.

(1) http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/08/16/quel-projet-pour-europe-ecologie_1399408_3232.html

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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