mardi 1 juin 2010

La faute mortelle du gouvernement israélien

Tout a été dit : "Israël est isolé". " "Les condamnations sont unanimes !"...
Et alors ? Israël s'en moque !
Ironie, inconscience ou cynisme : "L'État hébreu soutient que ses forces sont tombées dans une embuscade armée et ont tiré pour se défendre". La réalité est évidemment plus grave, plus lourde et, peut-être plus subtile.
Afficher l'image en taille réelleLes faits :
Les occupants des six bateaux de la flottille qui avaient appareillé de Chypre, entendaient livrer 10.000 tonnes d'aide humanitaire aux 1,5 million de Gazaouis en brisant l'embargo naval mis en place par Israël le long du territoire palestinien.

Israël, qui a fermé les frontières de la bande de Gaza en 2007, lorsque le Hamas en a pris le contrôle, avait prévenu qu'il bloquerait le convoi formé par plusieurs organisations dont le mouvement Gaza libre. L'objet de cet embargo est, nous dit-on, d'empêcher que des armes soient livrées aux islamistes du Hamas qui contrôle le territoire côtier.
L'interception a eu lieu. Brutale. Selon les autorités israéliennes, qui parlent de quatre soldats blessés au moins, les commandos se seraient heurtés à une vive résistance de membres de la flottille, armés d'armes à feu et de couteaux. "Au moment où quelqu'un tente de vous arracher votre arme, de voler vos armes, c'est là que vous commencez à perdre le contrôle", a expliqué Binyamin Ben-Eliezer le ministre israélien du Commerce... Version officielle stupide et odieuse


La réaction de l'ONU :
Le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé "à lancer sans retard une enquête impartiale, crédible et transparente conforme aux critères internationaux". Il "réclame la libération immédiate des navires ainsi que des civils détenus par Israël". Il "exhorte Israël à permettre aux pays concernés un accès consulaire afin de récupérer les corps des victimes et les blessés". Il "regrette profondément les pertes en vies humaines et les blessures ayant résulté de l'usage de la force durant l'opération militaire israélienne, dans les eaux internationales, contre le convoi se dirigeant vers Gaza", Il "souligne que la situation à Gaza n'est pas tenable". Il "exhorte les parties à faire preuve de retenue et à éviter tout acte unilatéral et de provocation".
La veille, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon s'était dit "choqué" par l'assaut de l'armée israélienne sur la flottille pro-palestinienne en route vers Gaza.


Les condamnations unanimes.
Cet assaut sanglant a aussitôt été dénoncé par la Turquie. Ankara a d'ailleurs rappelé son ambassadeur en Israël.En France, Nicolas Sarkozy, dans un communiqué, a condamné "l'usage disproportionné de la force", exigeant "toute la lumière sur cette tragédie".

L'Union européenne demande une "enquête complète" des autorités israéliennes sur les circonstances de leur raid et réaffirme sa demande d'une ouverture "inconditionnelle" de Gaza à l'aide humanitaire et au commerce. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, évincé de Gaza par le Hamas en 2007, a décrété trois jours de deuil dans les territoires palestiniens.

Le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a dénoncé "un crime et un scandale politique et médiatique qui aura des conséquences sur l'occupation".

Par ailleurs, la Grèce, la Turquie, l'Irlande, la Suède, la Norvège, le Danemark, la Belgique, l'Autriche et l'Espagne, qui assure la présidence tournante de l'UE, ont convoqué les ambassadeurs israéliens pour leur demander des explications.

Que va-t-il s'ensuivre ? Là est, désormais, l'essentiel ?

La diplomatie a des ressources verbales. Les Gazaouis n'ont pas, eux, les ressources matérielles nécessaires à la vie !

Lever l'embargo est une nécessité qu'Israël et les USA se refusent à envisager dès lors que, pour eux, le Hamas est le diable, le danger absolu. Obtenir de la communauté internationale qu'elle contrôle les arrivées de matériel pour que les armes ne se mêlent pas aux livraisons dont les Palestiniens ont strictement besoin pour survivre, devrait être le minimum ! Désormais le combat politique pour la fin du blocus est engagé ? À preuve, déjà, l'Égypte va devoir assouplir sa participation au blocus?

Israël se condamne et c'est là un drame historique.

Les sionistes (les inconditionnels d'Israël, incapables de critiquer ses fautes) ont, hélas, raison sur un point, cette fois : se dresser contre l'actuelle politique du gouvernement israélien nourrit l'antisémistisme. La haine des Juifs monte ! Mais, ô stupéfaction, le peuple martyre approvisionne cette haine ! Depuis le crime d'État nazi qui a installé un doute sur la dignité de l'espèce humaine tout entière, un État est né, en 1948, de la violence extrême et dans la violence infligée aux Palestiniens.... Et la page ne se tourne pas. Que des enfants, petits enfants et arrière petits enfants des victimes de la Shoah, ne puissent sortir de cet enfer, et soient dans l'impossibilité d'exister autrement qu'en s'imposant par la force, dans des conditions d'une brutalité inouïe, est devenu notre propre condamnation, la remise en question de la civilisation occidentale. L'interpellation de ce nouvel événement qui restera impuni et brave toute la communauté internationale est d'une gravité extrême. Nous voici renvoyés à l'impuissance historique des hommes face au macchiavélisme des princes. Quoi qu'il en coûte, le Hamas doit être isolé, condamné, combattu, détruit. Toute autre considération ne vaut plus. Nous voici installé dans la guerre perpétuelle.

Oserons-nous dire qu'il peut y avoir pire ? Cet arraisonnement survient le lendemain du jour où, à New York, en ses conclusions, la Conférence sur le Traité de non prolifération nucléaire décidait qu'en 2012, se tiendrait une nouvelle conférence visant à dénucléarisation du Moyen Orient. Israël, qui dispose de l'arme nucléaire (200 ogives) et se refuse politiquement à le reconnaître, s'offusque contre cette décision qui la vise autant que l'Iran. Israël veut rester seul maître de son sort dans la région. Et voilà où peut se loger le pire : il se trouve, au sein des dirigeants de "l'État hébreu", des hommes pour croire que la Shoah peut se renouveler et emporter les Juifs dans une conflagration ultime qui opposerait Israël à tous ses ennemis l'environnant. Dans cette hypothèse, le recours à l'arme nucléaire, y compris de façon "préventive" n'est plus à exclure quitte à embarquer la planète entière dans un holocauste final. Les fanatiques religieux, en Israël comme parmi les États où domine l'islamisme, approvisionnent cette conviction selon laquelle "il est écrit" que cette fin des temps est inéluctable. Folie furieuse, certes, mais susceptible de nous emmener tous vers des désastres tout à fait inimaginables.

Là est la source du terrorisme le plus implacable, le plus meurtrier, aux conséquences pouvant être "définitives".

Voilà ce que donne à penser la faute dramatique commise, dans les eaux internationales, par des commandos surarmés, chargés de démontrer qu'Israël ne peut qu'avoir le dernier mot parce qu'à lui seul appartient le pouvoir qu'il détient depuis la plus haute antiquité et, sans doute, de Dieu même !

Si nous ne savions faire face à cette contradiction historique qui a fait de l'une des plus grandes souffrances connues, nous concernant tous, la Shoah, la justification du droit à nous menacer au nom d'un pouvoir absolu, incontesté et incontestable, sauf à mettre fin à l'histoire, et bien, nous voici au cœur du pire : l'impossibilité pour l'humanité de décider de son sort.

FLOTTILLE POUR GAZA INTERCEPTÉE - L'abordage meurtrier d'Israël

C'est sur ce bateau que les violences ont été les plus dures !

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran


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