lundi 22 mars 2010

Redonnons aux Français la faim politique qu'ils ont perdue !



Marianne va-t-elle vouloir manger? Et quoi?

La messe est dite. Le scrutin des Régionales 2010 fera date en France. Il n'est pas sûr, pourtant que les bons enseignements en soient retirés !

Nous disions que la démocratie connaissait un déficit structurel. La preuve en est fournie. Quatre repères permettaient d'effectuer la vérification : l'abstention, l'effondrement du camp présidentiel, la remontée du populisme nationaliste, la présence d'un vote blanc faible mais significatif.

Au lendemain du scrutin, l'abstention tangente encore, ou dépasse dans plusieurs régions, la barre des 50%. Autrement dit, un électeur sur deux ne s'est toujours pas déplacé, en dépit des exhortations des deux partis principaux en lice, l'UMP et le PS. Le recul de l'abstention n'est que de quelques points. Le phénomène reste massif et pour une large part volontaire, donc politique.

La déconfiture du sarkozisme n'en est pas moins spectaculaire ! L'abstention touche la gauche comme la droite et donc, il ne s'agit pas d'une bronca temporaire des seuls électeurs de droite. Jamais, depuis les débuts de la Ve République, le parti au pouvoir n'a essuyé une telle tempête. En pourcentage d'inscrits, l'UMP et ses alliés "culmine" à 10%. Le camp du Président en place est déserté et ravagé. Tout l'art politique de ce Président quasi sorti sera, d'ici 2012, de donner à l'opposition des raisons de se diviser de nouveau. Sa défaite serait sinon inéluctable.


Le suicide politique est une pratique qui demande du temps.

Le retour du lepénisme, fille et père, s'il complique encore la stratégie de la droite parlementaire, n'en est pas moins le signal d'une détresse sociale qu'exploite encore avec succès le Front National ! Le danger qu'on croyait écarté se représente avec force car le lepénisme n'est pas loin de peser autant que les écologistes pourtant en phase ascendante !

Quant au vote blanc, on aurait tort de le négliger car le Ministère de l'intérieur dénombre 1 013 554 votes blancs ou nuls (soit 269 491 électeurs de plus qu'au premier tour). À Notre Dame des Landes, beaucoup d' électeurs hostiles à la construction d'un nouvel aéroport en région nantaise n'ont pas rejoint la liste de gauche (PS, Europe-Écologie, Front de Gauche), et le vote blanc est monté à 22% ! Appuyé sur une revendication précise, ce vote prend donc sens. En l'occurence, la signification de la forte augmentation du vote blanc est à rapprocher de l'abstention politique.

Ces régionales débloquent la situation; elles ne la règlent pas ! Tout reste à faire ! Les débats sur la croissance ou la décroissance, les retraites, les "réformes", le nucléaire, etc, vont s"approfondir et se durcir. Les divergences entre ceux qui n'attendent d'une gauche "diverse", en fait dominée par le PS, qu'un succès prochain, dès 2012, et ceux qui considèrent qu'il est plus qu'urgent de changer le logiciel politique va ressurgir. En l'état actuel des choses, DSK, Ségolène Royal , François Hollande, ou même Martine Aubry, restent attachés à un social-libéralisme qui rend impensable actuellement la présentation d'un projet politique commun et crédible.

Le projet du 22 mars de Dany Cohn-Bendit est orienté vers une conversion des socialistes permettant une alliance durable entre le PS et un nouveau parti débordant les Verts ! Cela supposerait un double hara-kiri : celui des productivistes socio-démocrates et celui des écologistes qui font de la décroissance tout autre chose qu'un constat d'impuissance économique. Les résistances attendues seront très vives. C'est, du reste, ce sur quoi compte la droite...

Enfin, et surtout, la France n'est pas le monde mais elle est dans le monde. En cette journée mondiale de l'eau, il faut relativiser les confrontations électorales parce que la donne écologique et économique peut être bouleversée bien plus que la situation actuelle ne le laisse prévoir ! Il faudra donc beaucoup de lucidité, de courage et de travail intellectuel pour se désengluer d'un bourbier politique dont l'élection régionale a révélé toute l'étendue mais n'a pas offert, quoi qu'on dise, de claires perspectives de sortie, qu'elle soit rose, verte ou rouge. Nous savons, à présent, que nous devrons quitter un territoire politique avant de savoir où aller... ! Un espoir est certes revenu mais nous ne savons toujours pas lequel ! Le retrait, la colère, le dégoût et le rejet des électeurs contiennent de multiples possibilités d'évolution politiques. Cela va du réel changement de régime à la plus modeste, mais plus sûre, reprise en main du quotidien par les citoyens eux-mêmes. La sixième République est-elle, cette fois, en marche? Si oui, son contenu reste toujours à définir...

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Avant le papillon, la chenille doit se faire chrysalide

Jean-Pïerre Dacheux et Jean-Claude Vitran

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