mercredi 24 mars 2010

Au-delà de l'alternative politique !

On a coutume d'opposer alternative et alternance. L'alternance n'est qu'un changement de personnel, donc un faible changement de politique, tandis que l'alternative est un changement fondamental de politique donc, aussi, un important changement de personnel.

Nous avons expérimenté que l'alternance droite-gauche n'était pas une alternative politique. Mieux, ont été réalisées, sous François Mitterrand, puis sous Jacques Chirac, des "cohabitations" qui n'étaient que des alternances très relatives. Relevons que, jamais, le Premier Ministre opposé au Président de la République n'a pu renverser le Président de la République. En 1988 comme en 2002, le Président sortant est resté en place. La pièce maîtresse du dispositif constitutionnel français est à l'Élysée, en tout cas jusqu'à présent...


"L'ouvrir" est plus qu'un droit, c'est ce qui nous rend humains.

Pour qu'il y ait alternative, désormais, il est devenu nécessaire que le système économique et le régime politique soient remis en question. En clair, il convient de "sortir du capitalisme" et de changer de République. Les violents soubresauts économiques de 2008 et 2009 en ont rendu l'éventualité ré-envisageable.

"Vaste programme" se fut exclamé De Gaulle ! Autant faire remonter des fleuves à leur source... Le fleuve de l'argent coule toujours dans le même sens, vers l'océan de la finance internationale. Le fleuve du pouvoir draine son lit, et déborde s'il le faut, pour entrainer et noyer ceux qui nagent et voguent à contre-courant, dans les eaux tumultueuses de nos sociétés.

De là à penser que l'alternative est impossible et qu'il faudra se contenter d'alternances plus ou moins prononcées, il ne se passe qu'un tout petit laps de temps, pendant lequel la tentation de l'impuissance semble remplir tout notre l'espace. Tant qu'avoir, savoir et pouvoir seront inséparables, l'alternative est un leurre. La bourse, le livre et le sceptre sont des objets que seuls les riches savent manier sans effort. Changer cela va au-delà de toute alternative, car il s'agit d'une rupture de civilisation.

La révolution civilisationnelle inaugurée par les premières communautés chrétiennes a sombré au sein de l'Empire romain. "Le plus petit premier servi", "la mise en commun de tous les biens", "le refus du Royaume de César", ces points de repère constants à l'origine du christianisme, n'ont guère survécu au-delà de Constantin. L'Église s'est satisfaite, progressivement, des ors, des territoires et de la confiscation de la science. On sait ce qu'il en est advenu : la sacralisation du pouvoir, la "théocratisation" de la monarchie (spirituelle avec le papisme, autant que temporelle par le culte du Chef de l'État), le compromis avec le monde des riches, la "théologisation" de la connaissance ! Nous n'en sommes jamais sortis, en dépit du net recul du cléricalisme, cette irrigation de la religion dans tous les vaisseaux et les structures de nos pays d'occident ou de leurs possessions coloniales.

Étienne de la Boétie, à lire et relire : il n'a jamais été autant d'actualité !

La couronne, l'écu et le sabre (sans oublier le goupillon) sont les symboles, à peine transformés siècle après siècle, de la domination des nantis. Reste que, depuis La Boétie, demeure une question: pourquoi supportons nous la servitude ? Car les serfs ne sont pas que des paysans sans droits ni biens, aux ordres des seigneurs de la terre, ce sont tous ceux qui n'ont aucun pouvoir sur leur vie. Sujets du Roi ou citoyens de la République, si notre sort appartient à des maîtres qui ont le pouvoir de nous faire agir comme ils veulent, nous sommes des serfs.

Le serf, tel l'âne, supporte sa charge et court après sa carotte

Voilà pourquoi l'alternative ne peut seulement tenir à un rapport de forces électoral momentané. C'est d'une rupture de comportement qu'elle dépend, d'un renoncement à des fausses valeurs qui calcifient la société, en interdisant toute mise en œuvre de la devise républicaine : liberté (de tous), égalité (pour tous), fraternité (entre tous). Sortir des idéologies du mensonge est devenu prioritaire : "le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple" doit ou bien être gommé du texte de notre Constitution ou bien être pris au sérieux, pris aux mots. Se gargariser avec le mot démocratie devient, sinon, non seulement ridicule mais odieux.

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