jeudi 8 janvier 2009

Malheur à la société qui ne sait plus aimer ses enfants.

Après avoir célébré le 60ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, nous fêterons, en novembre 2009, le 20ème anniversaire de la Déclaration des Droits de l’Enfant.

En miroir à cet anniversaire, le pouvoir veut modifier l’ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante et faire disparaître du nouveau projet de loi la mention « justice des enfants » au profit de justice des mineurs.

Cette disparition n’est pas seulement sémantique.

Elle remet profondément en cause notre relation à l’enfant sur le plan éthique à un moment où, déjà, on montre trop facilement du doigt les familles pour la démission de leurs responsabilités parentales.



La notion de mineur n’est que la marque du passage à l’âge adulte.

D’autres voix s’élèvent pour repérer dès l’âge de trois ans les futurs délinquants, comme si l’on naissait criminel, pédophile, chômeur ou président de la république.

On retrouve la même démarche intellectuelle dans le fichier EDVIGE 2.0. qui envisage de ficher « à priori » les enfants à partir de 13 ans sur leur potentiel de dangerosité.

L’enfant est un homme en devenir, pas un homme en réduction, et l’ensemble de la société est responsable du développement de sa personnalité et de son avenir.



Aujourd’hui, l’enfant n’est plus considéré comme un élément important de bonheur et de stabilité de la cellule familiale, mais comme un danger dont il faut se méfier.

Quelle bizarre société qui n’est même plus capable d’aimer ses enfants.

Quels que soient les âges de l’existence, rien n’est jamais figé, l’Homme est en constante évolution et il peut changer. On ne peut donc tolérer de stigmatiser les enfants pas plus que les délinquants potentiellement récidivistes.

La société change et les lois ont besoin d’évoluer pour s’adapter à ces changements, mais le pouvoir actuel, qui se vante de travailler dans la rupture et la modernité ,nous propose des réformes d’un autre siècle, celui de Charcot, des asiles fermés et des bagnes pour enfants.

Dans le même temps, d’autres lois modifient profondément le fonctionnement de l’éducation nationale, réduisent les aides éducatives et les moyens des associations de soutien.

Soyons méfiants à l'égard d’un pouvoir qui sanctionne avant d’éduquer. C’est au minimum une marque de régression.

Surveiller et punir

• Marie Raynal, Eduquer ou punir - il faut choisir, ESF - Actions sociales 2003, 172 pages.

• Michel Foucault est étudié plus à l'étranger qu'en France! Sur le sujet, il est incontournable!
(
Michel Foucault, Surveiller ou punir, Gallimard, 1993).
"Peut-être avons-nous honte aujourd'hui de nos prisons. Le XIXe siècle, lui, était fier des forteresses qu'il construisait aux limites et parfois au cœur des villes. Ces murs, ces verrous, ces cellules figuraient toute une entreprise d'orthopédie sociale. Ceux qui volent, on les emprisonne ; ceux qui violent, on les emprisonne ; ceux qui tuent, également. D'où vient cette étrange pratique et le curieux projet d'enfermer pour redresser, que portent avec eux les Codes pénaux de l'époque moderne? Un vieil héritage des cachots du Moyen Âge ? Plutôt une technologie nouvelle : la mise au point, du XVIe au XIXe siècle, de tout un ensemble de procédures pour quadriller, contrôler, mesurer, dresser les individus, les rendre à la fois « dociles et utiles ». Surveillance, exercices, manœuvres, notations, rangs et places, classements, examens, enregistrements, toute une manière d'assujettir les corps, de maîtriser les multiplicités humaines et de manipuler leurs forces s'est développée au cours des siècles classiques, dans les hôpitaux, à l'armée, dans les écoles, les collèges ou les ateliers : la discipline. La prison est à replacer dans la formation de cette société de surveillance. La pénalité moderne n'ose plus dire qu'elle punit des crimes ; elle prétend réadapter des délinquants".

Jean-Claude Vitran et Jean-Pierre Dacheux

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