jeudi 26 juin 2008

L'Europe, l'euro, l'Euro : c'est foot et c'est fou!


Et un, et deux et trois : après la France et les Pays-Bas, voici l’Irlande qui dit non à une Europe autre que celle dans laquelle ils se reconnaissent!

L’Europe se cherche. Elle s’est même un peu perdue. Elle se contredit aussi : elle se veut démocratique (comprendre respectueuse des votes), à la condition... Bref, elle ne sait plus trop ce qu’elle est (un compromis interétatique ou une nouvelle entité politique en lente construction).

Et l’euro ? Attendez : de quel euro parle-t-on ? De la monnaie européenne ? Ou de l’Euro de football ? C’est tout un : on nage dans la confusion.



Regardez bien la monnaie turque : ce n’est pas l’euro. On jurerait que si…
Voilà donc ces « non-encore-européens » qui paient en livres turques, faciles à confondre non avec la livre… anglaise, mais avec notre euro ! Les Anglais, dans l’Union européenne, ne veulent pas de l’euro. Les Turcs, hors de l’Union européenne, en veulent tellement qu’ils le copient !


Regardez bien les résultats de l’Euro de football, la médiatique compétition : les Turcs sont allés jusqu'en demi-finale. De qui les Turcs se moquaient-ils, penseront les adversaires de l’entrée de ce pays dit islamique dans l’Union ? S’y croyaient-ils déjà ? Des Turcs, champions d’Europe ? Il n'aurait plus manqué que ça ! Heureusement que l'Allemagne est là… Gott mit uns ? Mais va savoir ! Il ne manquerait plus que Dieu, ou Allah, soit facétieux… Alors, de miracle en miracle, les Turcs pouvaient devenir notre champion…

Cessons de tenter d'ironiser. Et si, du nord au sud de l’Europe, les inclus et les exclus appartenaient à la même histoire humaine ? Si les inclus (les Irlandais, mal votants, que d’aucuns voudraient exclure) et les exclus (ces Turcs mahométans, qui font tout pour se faire inclure) nous révélaient que l’aventure européenne ne s’est pas transcrite à Lisbonne, ni dans un traité constitutionnel quelconque !

Le sort du monde est actuellement en questions. Ce sont les périls qui soudent les hommes. Il a fallu la pire des guerres, la guerre 1939-1945, pour qu’on reprenne, en 1948, la Déclaration des Droits de l’homme et du Citoyen pour en faire la déclaration universelle des Droits de l’Homme ! En décembre 2008, on fera des discours pour célébrer le 60e anniversaire de la signature de ce document majeur essentiel autant qu’oublié, bafoué, et sans impact sur les politiques de nombreux États !

Et si les Européens, au lieu de chercher s’il faut s’en tenir à 27 membres tant qu’on ne s’est pas donner une Règle de fonctionnement commune, se découvraient des Européens unis et différents, unis parce que différents ?


Les crises historiques qui se superposent en ce début de siècle : énergétique, financière, alimentaire, écologique, démographique nous font une ardente obligation de la solidarité. L’Europe est l’un des meilleurs outils d’exercice de cette solidarité. Encore faut-il que cet outil politique reste affûté et donc qu’il intéresse ceux qui ont à s’en servir !

Les Irlandais ne veulent plus de cet outil-là. Il les blesse. Il ne coupe pas. Les Turcs veulent entrer dans l’atelier et sont prêts à travailler avec nous. Et l’on voudrait laisser sur la touche les peuples des Balkans dont certains ont déjà l’Euro comme monnaie (le Kosovo par exemple) et d’autres ont des proximités étonnantes avec le reste de l’Europe (les Croates, -tiens, encore une équipe de foot brillante au cours de l’Euro !-).

Quand l’Europe ne va pas de l’avant, elle recule. Elle n’est pas à réinventer mais elle est à ouvrir aux peuples vivants, pas seulement aux États-nations et à leurs administrations bruxelloises.

Jean-Pierre Dacheux

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