jeudi 22 mai 2008

Laisser tuer les Rroms, c'est tuer l'Europe


Des habitants de Ponticelli ont sali le beau nom de leur ville,
celui que portait Lazare Ponticelli, le Français
immigré italien,
le dernier des Poilus de la Der des Ders, mort à 110 ans, voici quelques mois!


Le fascisme refait son lit en Italie! Les pogroms de Ponticelli à l’est de Naples, avec incendies, bastonnades et lapidations de Rroms ne sont pas apparus de façon spontanée. En 72 heures, au moins 7 attaques avec cocktail Molotov ! L’exaspération due à l’entassement de tonnes d’ordures depuis des mois, l’exploitation politique systématique du thème sécuritaire, la Camorra, la bêtise crasse aussi, ont composé un mélange explosif. La haine, hideuse, a pu alors s’exprimer tout à son aise. Le bouc émissaire sera donc égorgé, s’il ne fuit. La honte s’est abattue sur l’Europe.

Car il ne s’agit pas de limiter les conséquences de ce drame à la seule Italie. Ne lui donnons pas de leçons : elle fait actuellement, certes en pire, ce que d’autres font, -dont nous !- Au moment où la France va prendre, pour six mois, la présidence de l’Union, on peut craindre que les restrictions à toute immigration, intra ou extra européenne, ne soient présentées comme des moyens de protéger les peuples d’Europe. Protéger contre qui ? Contre eux-mêmes ? Ou contre tout étranger indésirable et misérable résidant en Europe ?

Viktória Mohácsi, l’une des deux eurodéputées rroms, revenant d'une visite en Italie, a estimé que "le gouvernement Italien est dur avec les faibles et faible avec les forts : quand il y a des difficultés, au lieu de s'en prendre à la Camorra, on s'en prend aux Roms afin de ne pas s'attaquer aux vrais problèmes" . L’émotion est vive, partout en Europe. Dans les campements rroms, en France, on suit les événements et l'on ne cache pas sa peur.

La chasse aux Rroms est rouverte, plus ou moins violente mais, en maint pays, impitoyable. On chasse quand on expulse, mais aussi quand on poursuit des hommes comme du gibier. On a déjà connu ces crimes en Europe. Cela porte un nom. C’est le racisme. Ici, l’on veut tuer en incendiant ; là, on tue à petit feu.

Ces dernières années, les textes se sont multipliés tant au sein du Parlement européen qu’au niveau du Conseil de l’Europe. Tous convergent vers ce même constat : "l’antitsiganisme constitue une forme distincte de racisme et d’intolérance, à l’origine d’actes d’hostilité allant de l’exclusion à la violence à l’encontre des communautés de Roms". C'est ce qu'on peut lire dans la recommandation du Comité des ministres aux 47 États membres du C.O.E, datée du 20 février 2008. Mais si aucun de ces documents n’engage les pouvoirs nationaux, à quoi bon les écrire et les voter ? La crédibilité de nos démocraties est bel et bien en jeu.

L’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie au sein de l’Union, sur laquelle il n’est pas question de revenir, oblige chacun des 27 États à protéger tout Eurocitoyen membre de l’un quelconque de ces États ! Ce n'est-il pas vrai des Rroms? Qui ne voit que la romaphobie est une europhobie puisque les Rroms sont massivement dans l’Europe et en sont une constituante. Le meurtre est en marche en Italie. Il risque de s'étendre. Laisser tuer les Rroms, c'est tuer l'Europe. Lutter pour eux, c'est lutter pour nous, comme toujours...


"Écrasons l'infâme !"
(Devise favorite de Voltaire contre l'intolérance dont il signait ses lettres en abrégé : Ecr.L'inf )

Jean-Pierre Dacheux

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