lundi 5 mai 2008

La non-droite n’est pas la gauche. Elle n’est rien




Il n’y a plus de gauche à gauche.
De ce que nous savions être la gauche, rien n’est resté.
Gauche est un mot qui a été vidé de son sens politique.
La gauche nous a quittés.

Pourquoi conservons-nous alors ce mot ?
Pourquoi nous reste-t-il incrusté dans l’âme ?
Pourquoi n’offre-t-il plus une autre politique bien reconnaissable ?
Pourquoi ne donne-t-il plus rien à espérer ?

La gauche fut longtemps un mythe utile.
C’était l’intérêt général opposé aux intérêts particuliers.
C’était la promesse d’un dépassement du règne de l’argent.
C’était privilégier les défavorisés pour équilibrer la société.

Pourquoi, partout en Europe, s’effondre, à présent, la gauche ?
Pourquoi les électeurs ne la suivent-ils plus dans les scrutins décisifs ?
Pourquoi Bush, Berlusconi, Sarkozy se sont-ils trouvé de nettes majorités ?
Pourquoi le modèle capitaliste s’impose-t-il aux démocraties ?

L’axe sur lequel se positionnait la gauche s’est cassé.
Et sur cette ligne brisée, le curseur s’est déplacé vers la droite.
La droite parlementaire a glissé vers son extrême pour mieux l’absorber.
La gauche dite extrême est devenue le supplétif de la gauche défaillante.

Pourquoi cette dérive emporte-t-elle à droite toute la représentation ?
Pourquoi l’alternance bipartiste s’est-elle substituée à l’alternative ouverte ?
Pourquoi peut-on, sans honte et sans gêne, se dire, désormais, de droite ?
Pourquoi vient-on de ranger, la révolution dans le magasin des antiquités ?

Tout indique que nous approchons d’une crise sociale et systémique majeure.
Mais ce qui fut la gauche n’y est pas préparé.
Ce qui fut la gauche ne travaille pas à révéler les causes des exploitations.
Elle attend son heure, une heure qui ne viendra pas…

Pourquoi cette cécité qui a empêché de voir venir le tsunami alimentaire ?
Pourquoi cette persistance à faire de la croissance la condition de l’emploi ?
Pourquoi cet enfermement dans l'Europe de la concurrence "libre"?
Pourquoi cette timidité dans l’affirmation de choix écologiques courageux ?

Une « gauche de gauche » est sans réponse car la locution est inadéquate.
Une « gauche de gauche » n’existe pas plus qu'une gauche de droite.
Une « gauche de gauche » est un pléonasme politique.
Une gauche à gauche est, tout autant, une redondance, un truisme.

Pourquoi ces illogismes dans la pensée politique de l’ex-gauche ?
Pourquoi confondre des succès électoraux avec l’adhésion de l’opinion ?
Pourquoi ignorer que la gauche convertie u capitalisme n’est plus de gauche ?
Pourquoi ce recentrage au risque de se noyer dans les eaux du marais centriste ?

Droite et gauche ne servent plus à orienter le champ politique.
Les partis ne produisent plus que des élus sans références crédibles.
Alors, des réseaux de parole s’emparent de la place publique.
La gauche est morte, vive la gauche ?

Pourquoi ne pas voir que la politique ne s’enferme pas dans des mots surannés ?
Pourquoi ce qui était pertinent hier le resterait-il encore ?
Pourquoi se servir de vocables qui troublent le débat au lieu de le cerner?
Pourquoi parler une langue politique dévalorisée ?

Ce n’est pas trahir la gauche que l’abandonner quand c’est elle qui trahit.
Ceux qui s’en réclament sans avoir conscience d’un désaveu se condamnent.
Le peuple se détourne des tièdes et des timides.
L’ennemi, plus crédible que les faux amis, en devient ainsi préférable !

Pourquoi peut encore se dire socialiste le dirigeant du FMI ou de l’OMC ?
Pourquoi parler d’un socialisme qui ne socialise plus la société ?
Pourquoi la gauche italienne a-t-elle perdu si ce n’est pour s’être reniée ?
Pourquoi la gauche française, garde-t-elle ce mot de socialiste sans la chose ?

Non, droite et gauche n’ont pas toujours été en quête d’un pouvoir indifférencié!
Oui, la droite et la gauche sont tombés dans des réalismes convergents.
Non, il n’est pas possible de mener une action politique dans cette confusion.
Oui, mieux vaut, à présent, lâcher le mot gauche que ses valeurs.

Jean-Pierre Dacheux et Jean-Claude Vitran









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