jeudi 20 mars 2008

Culpabilité

Le 11 septembre 2001 a transformé la société mondiale.

Déjà, avant ce dramatique évènement, le politique avait fait de la surveillance du citoyen une de ses priorités - vidéo surveillance, plan vigie pirate de toutes les couleurs, etc. - mais d’une société de confiance mutuelle, nous étions passés à une société de surveillance. Nous voici maintenant entrés dans une société de culpabilité.

La chute des Twins Towers est devenue l’alibi qui autorise nos gouvernants et leurs fidèles à nous soupçonner d’être des terroristes potentiels, donc des coupables. Ces nouvelles relations modifient complètement les rapports sociaux et le fonctionnement de la démocratie.

Les zélateurs disent : « si vous n’avez rien à vous reprocher, vous n’avez pas à craindre les caméras de vidéo surveillance ». C’est vrai, mais je suis le seul à savoir que je n’ai rien à me reprocher, et celui qui m’épie derrière l’œil anonyme et froid de la caméra est formé à me prendre pour un coupable.

Je suis noir et barbu ! Ne suis-je pas potentiellement plus coupable que le blanc chauve, avec une pipe, qui me croise ? Et pourtant ! Que je sois plus ou moins potentiellement coupable, je suis coupable.
Basée sur cette relation du doute, la société n’est plus vivable.
Regarder, suspecter son prochain comme un danger génère une société malade et paranoïaque, meilleure cliente des psychiatres et consommatrice de neuroleptiques.
Comment accepter les émigrés, les handicapés, les autres, etc., si l'on suspecte son voisin.

Cette dérive de culpabilisation est utilisée dans toute la communication politique, car ce n’est évidemment pas de la responsabilité du politique si la situation est dégradée, c’est de la faute du citoyen, qui :
- ne travaille pas assez ! (nous avons pourtant le meilleur taux mondial de productivité),
- est le plus gros consommateur de médicaments !
- roule trop vite !
- fume, boit !
- est un assisté !
- etc.

La loi Dati sur l’enfermement pour dangerosité potentielle n’est que la dérive perverse de l’entretien de ce climat de culpabilité. En recréant les asiles psychiatriques, cette loi est une régression de la société.

C’est vous les mauvais, coupables de tous nos ennuis!

Pas moi, bien entendu, mais vous, les autres... !

Jean-Claude Vitran

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